Les « Conférences René Girard », qui se tiennent à Paris et à l’université Stanford, donnent la parole à de grands intellectuels d’Europe et d’ailleurs, dont l’œuvre entre en dialogue ou en écho avec celle de René Girard.
PIERRE MANENT
Le "Jules César" de Shakespeare, ou la tragédie de la république
LUNDI 17 OCTOBRE 2016 à 19h15
à SciencesPo (Amphithéâtre Boutmy)
27 Rue Saint Guillaume, 75007 Paris
Métro Saint-Germain-des-Prés
CONFÉRENCE ORGANISÉE PAR LA FONDATION IMITATIO, LE CEVIPOF ET SCIENCES PO, EN PARTENARIAT AVEC PHILOSOPHIE MAGAZINE.
Séance présidée par Pascal Perrineau (CEVIPOF)
ENTREE LIBRE - SUR INSCRIPTION SUR CE SITE
(UNE CARTE D'IDENTITÉ SERA DEMANDÉE À L'ENTRÉE)
La république n’est pas un simple arrangement politique, un simple régime, fût-il le meilleur. Elle est la grande épreuve de l’âme. Comment vivre durablement dans cet élément du "commun" qui commande à tous et auquel tous désirent commander ?
La Tragédie de Jules César de Shakespeare donne à voir le moment où le souci du commun est épuisé et où le commandement échoit à la volonté la plus forte. Cette volonté finit par se détacher du corps qui la portait : l’assassinat de César fait advenir le pouvoir irrésistible de son Nom. Désormais, "César" devient un nom commun, et pendant deux millénaires, des "douze Césars" au Tsar et au Kaiser, ce nom désignera le plus grand pouvoir.
La république est en nous plus que nous ne sommes en elle. Elle n’a pas plus de force que nous n’en avons. La question est devant nous : quel dénouement donnerons-nous donc à la tragédie de notre république ?
PIERRE MANENT
Directeur d'études honoraire à l'EHESS, Pierre Manent est l’auteur de nombreux ouvrages de philosophie politique, dont Naissances de la politique moderne : Machiavel,Hobbes, Rousseau (1977), Cours familier de philosophie politique (2001), La Raison des nations. Réflexions sur la démocratie en Europe (2006), Montaigne. La vie sans loi (2014) et Situation de la France (2015).
RENE GIRARD ET SHAKESPEARE
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En 1990, René Girard publie "Shakespeare, les feux de l'envie" où il s’attache à montrer que la théorie mimétique dans son ensemble est contenue, dès les premières pièces, dans l’œuvre du poète.
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Intervention de René Girard sur Shakespeare,le 20 juin 2003 dans le cadre de la conférence du Colloque sur la Violence et la Religion à Innsbruck, Autriche.
TIMOTHY SNYDER
L'Europe entre Hitler et Staline
JEUDI 25 OCTOBRE 2012 À SCIENCES-PO (Amphithéâtre Jacques Chapsal)
CONFÉRENCE ORGANISÉE PAR LA FONDATION IMITATIO ET LE DEPARTEMENT D'HISTOIRE DE SCIENCES-PO EN PARTENARIAT AVEC LE MEMORIAL DE LA SHOA
Le propos de Timothy Snyder est aussi ambitieux qu’innovant. Pour la première fois, un historien tente de mettre en parallèle les crimes de masse que les nazis et les Soviétiques perpétrèrent entre 1933 et 1945, causant la mort de 14 millions de personnes, essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards. Un même espace aura été le théâtre de ces massacres, celui que l’historien appelle les « terres de sang », qui s’étendent de la Pologne à l’Ukraine et de la mer Baltique à la mer Noire. Au cœur de l’Europe, au contact des « plaques tectoniques » allemande et soviétique, des peuples voués à une haine ancestrale auront été les victimes de deux totalitarismes conjugués. Staline affama l’Ukraine. Puis vint la Grande Terreur. Sur ces mêmes « terres de sang », le nazisme causa la mort des deux tiers des 14 millions de victimes de la période, dont 5,4 millions de Juifs.
Au-delà des calculs morbides, Timothy Snyder raconte des vies brisées et rapporte de poignants témoignages. Ce faisant, il s’interdit de rendre un totalitarisme plus responsable qu’un autre. C’est dans cette perspective que ses recherches semblent dialoguer souterrainement avec la pensée de René Girard, et singulièrement avecAchever Clausewitz (2007). Car, montrant deux totalitarismes en guerre sur un même territoire, Snyder décrit ce qui eut lieu comme une « escalade de la violence », menant à la barbarie la plus brutale. L’auteur ne cite pas l’auteur de La Violence et le Sacré, mais le concept de « complicité belligérante », qu’il reprend à François Furet, n’est pas sans évoquer l’hypothèse mimétique.
De fait, il semble aujourd’hui possible d’aborder ces deux totalitarismes comme des frères ennemis qui se sont encouragés dans leur logique meurtrière, en aspirant tous deux à la destruction totale de leurs ennemis. Ces modèles politiques se sont de fait concurrencés, rivalisant dans l’horreur. Ils s’affrontèrent, non parce qu’ils étaient différents, mais parce qu’ils se ressemblaient. Dans un tel contexte, leur guerre aura bel et bien été clausewitzienne – « la continuité de la politique par d’autres moyens » –, à cette différence près qu’il n’y eut là nulle politique pour stopper les effets de cette escalade apocalyptique.
TIMOTHY SNYDER
Timothy Snyder, professeur de l’histoire de l’Europe centrale et orientale à l’université Yale, auteur du livre Terres de sang (traduction parue aux Editions Gallimard, 2012).
T. SNYDER 251012 from Pôle Audiovisuel Sciences Po on Vimeo.
ROBERTO CALASSO
La superstition de la société
JEUDI 5 JUIN 2014 À 19H AU CENTRE POMPIDOU (GRANDE SALLE)
CONFÉRENCE ORGANISÉE PAR LA FONDATION IMITATIO ET LE CENTRE
GEORGES-POMPIDOU EN PARTENARIAT AVEC L’INSTITUT CULTUREL ITALIEN
entrée libre
« La société sécularisée, devenue dominante aujourd’hui, s’attache à étudier des centaines de sociétés du passé, qu’il s’agisse de tribus ou d’empires, qui toutes se sont définies et décrites dans leur relation à quelque chose d’invisible et d’inconnu, parfois habité par des dieux et incluant ce qu’on nomme aujourd’hui la nature. Au contraire, la société sécularisée se définit, se décrit et fonctionne uniquement par rapport à elle-même, puisqu’elle se juge autosuffisante et seule productrice de sens. Les implications et les origines de ce changement seront l’objet de ma conférence. » Roberto Calasso
ROBERTO CALASSO
Roberto Calasso est un écrivain italien traduit dans le monde entier ; il dirige les Editions Adelphi, à Milan. Ses essais, d'une très grande érudition, témoignent de sa quête des origines sacrées de la culture humaine. De La Ruine de Kasch (1987), méditation sur la légitimité et les liens de sang, à K. (2005), son livre sur Kafka, en passant par Les Noces de Cadmos et Harmonie (1991), La Littérature et les dieux (2002) et plus récemment La Folie Baudelaire (2011), Roberto Calasso se révèle un penseur inclassable. Son style et ses thèmes de prédilection (le sacrifice, la mythologie, la modernité européenne) le situent à l'intersection de la philosophie, de la science des religions, de l'histoire et du roman.
LES «CONFÉRENCES
RENÉ GIRARD»
Les « Conférences René Girard », qui se tiennent à Paris et à l’université Stanford, donnent la parole à de grands intellectuels d’Europe et d’ailleurs, dont l’œuvre entre en dialogue ou en écho avec celle de René Girard.
Timothy Snyder, historien américain auteur de Terres de sang, a inauguré ces conférences en 2012.
RENÉ GIRARD ET
ROBERTO CALASSO
Deux écrivains en dialogue
René Girard et Roberto Calasso ont mené depuis plus de trente ans un dialogue très riche autour de leurs travaux respectifs qui touchent tous deux aux origines sacrées de la littérature et de la culture en général. La fondation Imitatio souhaite ainsi rendre hommage à Roberto Calasso, qui donnera sa conférence à Paris, le 5 juin, et à Stanford, le 5 novembre 2014.
L’émission Océaniques avait filmé en 1990
une rencontre entre les deux écrivains.
(disponible sur le site de l'INA)
Extrait (4mn32)
L’Association Recherches Mimétiques avait invité Roberto Calasso en 2009 à donner une conférence, dans le cadre de «la Chaire René Girard» au Collège des Bernardins.
Extrait (12mn26)
Robert Calasso : la superstition de la société... par centrepompidou