L'Association Recherches Mimétiques organise des colloques, des conférences et des séminaires en partenariat avec la BnF, l'ENS et d'autres institutions.
Vous trouverez sur le site la présentation détaillée de ces événements, ainsi que les enregistrements des événements passés.
Bibliothèque nationale de France
Petit Auditorium
avenue de France, 75013 Paris.
Ce colloque a pour objet d’introduire et d’approfondir la réflexion sur le rapport entre le sacrifice et la violence, en tant que pratiques fondatrices de l’humain.
Il s’agira donc de confronter des auteurs liés à des positions « hétérodoxes », remettant en question certains régimes de vérité dominants dans le champ des sciences humaines (anthropologie, philosophie, histoire des religions, sociologie).
Les auteurs abordés sont des penseurs et des écrivains qui, d’une façon ou d’une autre, se sont situés ou se situent encore à contre-courant de leur temps : Georges Bataille, Roger Caillois, Roberto Calasso, Alain Daniélou, René Girard et Michel Leiris.
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L’Association recherches mimétiques (ARM) et la Fondation Inde-Europe des nouveaux dialogues (FIND) mènent une série de recherches transversales au sujet du sacrifice et de sa relation à la violence.
La dimension « transversale » signifie qu’est pris en compte le caractère constitutif des éléments subjectifs dans la réception d’une tradition. Cette perspective permet d’appréhender autrement le phénomène du religieux archaïque et l’institution du sacrifice.
Libéré de sa connotation négative (où il est considéré comme arbitraire et contingent) et pris dans le sens d’un enrichissement herméneutique, l’élément subjectif, propre à la littérature où tous ces écrivains s’enracinent, ouvre un horizon d’interprétation différent et une pluralité de registres d’expérience.
Nous veillerons donc à distinguer « expérience » et « observation », une différence qui, depuis les origines de l’ethnologie, s’avère assez problématique. La rationalité occidentale moderne a en effet toujours tenté de délimiter un discours scientifique. Ce projet suppose un universalisme et la configuration d’un monde qui se posent comme supérieurs à d’autres pratiques et modes de vie (soi-disant « primitifs » ou « archaïques »).
Cette rationalité, incarnée de façon totalisante dans la dialectique hégélienne et dans le regard spécialisé des sciences particulières du XXe siècle, a été mise en question par un savoir considéré comme « non-scientifique » (ou purement subjectif), lié à la littérature en tant que trace d’une expérience vécue.
Il en est ainsi de la réception française d’Alexandre Kojève et de la redécouverte de la pensée mythique sous l’influence de Sylvain Lévi et Marcel Mauss. Tous les auteurs liés à cette mouvance ont montré l’impossibilité de se détacher de la subjectivité pour constituer un objet scientifique.
Le colloque abordera ainsi le statut et la valeur de cette dernière, pour comprendre le rapport entre violence et sacré, expérience et vérité, rupture et légitimation, ceci au-delà d’un discours savant dominé par l’histoire des religions, l’ethnologie et la philologie.
Aborder des auteurs « hétérodoxes » comme Georges Bataille, Roger Caillois, Roberto Calasso, Alain Daniélou, René Girard et Michel Leiris pourrait ainsi contribuer à repenser les limites de la description « objective », ainsi que l’espace ouvert par la subjectivité critique.
Auteurs et intervenants
Georges Bataille par Jean-Philippe Milet (Collège international de philosophie)
Roger Callois par Etienne Helmer (Université de Porto Rico- Etats Unis)
Roberto Calasso par Silvia d’Intino (EHESS)
Alain Daniélou par Adrián Navigante (FIND)
René Girard par Paul Dumouchel (Université Ritsumeikan de Kyoto)
Michel Leiris par Anne Prunet (Université de Caen)
L'Association Recherches Mimétiques organise des colloques, des conférences et des séminaires en partenariat avec la BnF, l'ENS, l'institut Catholique de Paris et d'autres institutions.
Marcel Mauss et René Girard Samedi 16 mars 2019 Centre Sèvres |
>>> ENREGISTREMENTS DU COLLOQUE
Considérés d’un pur point de vue académique, voilà deux auteurs sans grands rapports. Le premier, Marcel Mauss, se réclame de la science - de la « science sociale » ou de la sociologie -, ce qui pour lui, spécialiste de l’ethnographie et des religions primitives, est une seule et même chose. Même s’il est loin d’être aussi souvent cité, commenté et mobilisé à l’Université qu’il le faudrait, il n’y est pas moins une référence reconnue, légitime et à peu près légitimante.
Le second, René Girard, venu des études littéraires, chrétien revendiqué de surcroît, n’est que rarement cité ou alors dans des notes de bas de page, et négativement, par les gardiens des champs qu’il a pourtant puissamment investis et irrigués : l’anthropologie – des religions notamment –, la psychologie ou la psychanalyse.
Mais au bout du compte, même si l’un et l’autre comptent des défenseurs importants et enthousiastes, ils ne figurent pas au cœur des débats actuels en science sociale et en philosophie morale et politique. La conviction qui animera cette journée d’étude est qu’ils devraient pourtant apparaître au premier plan parce que ce sont ceux qui offrent peut-être les éléments de compréhension les plus importants de l’aventure de l’humanité.
Admettons cette hypothèse. Reste alors à comparer et à évaluer leurs démarches et leurs résultats. C’est ce que se propose d’impulser cette journée d’étude, qui pourrait s’organiser autour et à partir de deux questions-clés : D’où naît le conflit entre les humains ? Qu’est-ce qui permet de le surmonter : le don – la triple obligation de donner, recevoir et rendre – et/ou le sacrifice ?
Programme
Matinée
10h Introduction par Benoît Chantre
10h10-10h30 Alain Caillé, Quelques notes sur les rapports entre Maussiens et Girardiens. Amont et aval.
10h30-10h40 Discussion
10h40-11h Lucien Scubla, Le sacrifice chez Mauss et Girard : don,communication ou mise à distance du divin ?
11h-11h10 Discussion
11h10-11h30 Mark Anspach, (titre à venir)
11h30-11h40 Discussion
11h40-12h Bernard Perret, Une relecture mimétique de l’anthropologie du don
12h-12h10 Discussion
Après-midi
14h-14h20 Jean-Pierre Dumas, Don débarras
14h20-14h30 Discussion
14h30-14h50 Paul Dumouchel, Mauss et Girard, deux anthropologues en chambre ("armchair anthropologists")
14h50-15h Discussion
15h-15h20 Bruno Viard, Pour un tandem anthropologique Mauss/Girard
15h20-15h30 Discussion
15h30-15h50 Philippe Chanial.
15h50-16h Discussion
16h-17h Discussion générale, animée par Jean-Pierre Dupuy
Pour aller plus loin dans l'étude de la pensée de Marcel Mauss, nous vous renvoyons au site http://journaldumauss.net/.
Voici quelques éléments de bibliographie maussienne et Maussienne,
Marcel Mauss,
Essai sur le don in Sociologie en anthropologie (PUF), avec tout un ensemble de textes essentiels de Mauss et la célèbre préface de Clause Lévi-Strauss qui apparaissait comme l’acte de baptême du structuralisme.
Alain Caillé,
- Anthropologie don (2000), désormais dans la collection La Découverte/Poche.
- Théorie anti-utilitariste de l’action. La Découverte, 2009.
- Anti-utilitarisme et paradigme du don, Le Bord de l’eau, 2014
- Œil pour œil, don pour don. La psychologie revisitée (avec Jean-Edouard Grésy), DDB, 2018
Philippe Chanial (Ed.),
La société vue du don. Manuel de sociologie anti-utilitariste appliquée, La Découverte, 2008.
Jacques T.Godbout (avec A. Caillé),
L’esprit du don, collection La Découverte/Poche.
Justice et terrorisme : entre mémoire victimaire et dépassement de la violence
19 décembre 2018 Bibliothèque nationale de France |
Intervenants :
Robert Badinter (entretien filmé), Jean-Marc Bourdin, Benoît Chantre, Alain Cugno, Jean-Pierre Dupuy, Antoine Garapon, Christian Lavialle, Cathy Leblanc , François Molins, Pierre-Olivier Monteil , Bernard Perret, Denis Salas et Frédéric Worms
Quoi qu'il en soit du débat sur sa nature et ses causes, le terrorisme islamique a un objectif assez clair : détruire les sociétés démocratiques, non pas certes physiquement (il n’en a pas les moyens), mais dans leur essence politique, morale et spirituelle, en les poussant à se renier elles-mêmes, à se dénaturer et à faire ainsi la preuve de l’insignifiance des valeurs sur lesquelles elles se prétendent fondées. C'est donc d'abord sur le terrain des valeurs et des institutions que doit s'évaluer la résilience de l'esprit démocratique et la pertinence de ses réponses politiques. Comment faire pour que la démocratie sorte grandie de cette épreuve ?
Pour commencer, il convient d'examiner si la manière dont nous répondons à la violence est de nature à nous en protéger. S'il est vrai que, comme le pensait René Girard, « la violence n'est jamais perdue pour la violence », il faut se demander comment les sociétés démocratiques métabolisent la haine dont elles sont l'objet dans les comportements quotidiens, la culture, les pratiques collectives et le fonctionnement de leurs institutions, et ce que produisent en retour ces réponses sur les ressorts de la violence.
La non-violence exemplaire des foules qui se rassemblent par solidarité avec les victimes a pour contrepartie l'exigence de voir l'État assumer, avec plus de solennité et de sévérité encore, son monopole de la violence légitime. Cette violence se concrétise d'abord par une répression policière et judiciaire implacable. Mais elle peut aussi se sublimer dans des dispositifs symboliques. Il semble en effet inévitable et salubre d’opposer à l'idéologie djihadiste une autre forme de religiosité, à travers une mise en scène politique de l'unanimité du corps social, voire des initiatives mémorielles. Mais l’ambivalence de ces nouveaux rituels doit aussi être questionnée.
Face à une violence qui cherche à s'ancrer dans une transcendance religieuse, le risque existe toujours d'être entraîné sur le même terrain, celui de la diabolisation de l'adversaire, de la rhétorique guerrière, de la sacralisation du combat et de ses victimes innocentes. Or, la priorité doit être plutôt de démystifier la violence terroriste, de faire apparaître sa nullité, son incapacité à fonder quoi que ce soit. C'est à cette entreprise que peut contribuer la société civile par ses élans de solidarité et la mise en récit du traumatisme. En fin de compte, ne sommes-nous pas dans un moment privilégié pour faire de nouveaux pas vers la sortie du sacrificiel, seul destin possible pour la démocratie ?
PROGRAMME
Matin : Comment la justice contient la violence
9h15 Accueil : Benoît Chantre
9h30 Robert Badinter : Témoigner face à la barbarie (entretien filmé)
10h15 Denis Salas : Non-violence de la foule et attentes à l'égard de la justice
10h45 Pause
11h00 Antoine Garapon : Comment rendre justice aux victimes de terrorisme ?
11h30 François Molins : Un procureur face aux attentats
12h00-12.30 Débat
Après-midi : L'horizon non-violent de la démocratie
14h00 Bernard Perret : Penser les institutions à la lumière d'une anthropologie de la violence
14h30 Frédéric Worms : La démocratie comme projet inachevé
15h00 Alain Cugno : La promotion du statut de victime et son ambivalence
15h30 Débat
16h00 Pause
16h15 La justice entre mémoire et oubli :Table-ronde finale animée par Jean-Marc Bourdin, avec Cathy Leblanc , Jean-Pierre Dupuy , Pierre-Olivier Monteil et Denis Salas.
INTERVENANTS
Robert Badinter est avocat, universitaire, essayiste et homme politique
français. Ancien président du Conseil constitutionnel, il est connu pour
son combat contre la perpétuité réelle et la peine de mort dont il obtient
l’abolition en France le 30 septembre 1981 en tant que Garde des Sceaux,
pour la dépénalisation des relations homosexuelles entre majeurs de
moins de 21 ans, et comme auteur du nouveau Code pénal.
Jean-Marc Bourdin est inspecteur général de la Ville de Paris, docteur en
philosophie et membre de l’Association Recherches Mimétiques.
Benoît Chantre est éditeur et président de l’Association Recherches Mimétiques.
Alain Cugno a longtemps enseigné la philosophie en khâgne au lycée
Lakanal de Sceaux. Il est professeur au Centre Sèvres et vice-président
de la Fédération des Associations Réflexion Action Prison et Justice).
Antoine Garapon est magistrat et docteur en droit. Longtemps juge des
enfants, il est devenu secrétaire général de l’IHEJ en 1991. Animateur de
l’émission « Le Bien commun » sur France-Culture, il est également directeur
de la revue Esprit.
Cathy Leblanc est professeur de philosophie à l’Institut catholique de Lille.
Jean-Pierre Dupuy polytechnicien et ingénieur des mines, est professeur à l’Université Stanford. Il a fondé le CREA (Centre de recherche en épistémologie appliquée) et enseigné longtemps à l’Ecole polytechnique la philosophie sociale et politique et l’éthique des sciences et des techniques.
François Molins est magistrat, procureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris de 2011 à sa nomination, en octobre 2018, en qualité de procureur général près la Cour de cassation.
Pierre-Olivier Monteil est docteur en philosophie politique (EHESS), et
chercheur associé au Fonds Ricoeur. Il enseigne l’éthique appliquée à HEC,
à l’université Paris-Dauphine et à l’Espace de réflexion éthique de la région
Île-de-France.
Bernard Perret est essayiste et vice-président de l’Association Recherches
Mimétiques. Il a mené une double carrière de haut-fonctionnaire et de
chercheur en sciences humaines.
Denis Salas est magistrat et essayiste. Il dirige la revue Les Cahiers de la
Justice et préside l’Association Française pour l’Histoire de la Justice. Il vient
de publier La Foule innocente.
Frédéric Worms est philosophe et professeur de philosophie contemporaine
à l’École normale supérieure (ENS, rue d’Ulm, Paris). Il a publié,
en 2017, Les Maladies chroniques de la démocratie.
"Achever Clausewitz" dix ans après27 mars 2018 Université Paris II Panthéon-Assas |
>>>> ENREGISTREMENTS DU COLLOQUE
En 2007, la parution d’Achever Clausewitz de René Girard, en collaboration avec Benoît Chantre, constitua un événement dans la communauté des études stratégiques. Ce livre ouvrit aussi une nouvelle voie dans la recherche de Girard, entreprise en 1961 : après le désir mimétique, le mécanisme victimaire dans les sociétés archaïques et l’approche renouvelée de « l’Ecriture judéo-chrétienne », c’était le devenir des violences contemporaines qui faisait dorénavant l’objet de cette pensée. En contraste avec le Penser la guerre de Raymond Aron, paru en 1976, Girard constate le délitement de l’institution guerrière, et s’inscrit plus largement dans une réflexion sur les transformations de la conflictualité.
Dix ans après la parution d’Achever Clausewitz, quelle est la pertinence de l’approche girardienne, dans le contexte du retour de la menace nucléaire et de la persistance de la menace terroriste ? Tel est l’objet de ce colloque.
PROGRAMME
9h15. Mot d’accueil
par Julian Fernandez (Professeur de droit public à l’Université Paris 2/Centre Thucydide) et Jean-Vincetn Holeindre (Professeur de science politique à l’Université Paris 2 et directeur scientifique de l’IRSEM).
9h30. Conférence introductive
par Benoît Chantre (Président de l'Association Recherches Mimétiques)
10h. Le retour du nucléaire militaire ?
Présidence : Ninon Grangé (Maître de conférences HDR à l’Université Paris 8)
Jean-Pierre Dupuy (Professeur à Stanford), La menace nucléaire : pourquoi elle ne nous fait pas peur
Édouard Jolly (chercheur à l’IRSEM), WarGames : Logique et grammaire de la guerre nucléaire
Colonel Hervé Pierre (auditeur du Centre des hautes études militaires) , Désir mimétique et menace nucléaire, sous réserve
12h. Déjeuner
14h. Métamorphoses du terrorisme
Présidence : Olivia Leboyer (chargé d’enseignement à l’IEP Paris, membre du comité de rédaction de la revue Le Philosophoire)
Paul Dumouchel (Professeur à l’Université Ritsumeikan/Kyoto), Le terrorisme ou la fin de la guerre contenue par la politique
Yves Trotignon (Analyste à Risk and Co et Enseignant à Sciences Po), L’évolution du djihadisme
Philippe Raynaud (Professeur de science politique à l’Université Panthéon-Assas), Idéologie et terreur
16h30. Rapport de synthèse
par Jean-Vincent Holeindre (Professeur de science politique à l’Université Paris 2 et directeur scientifique de l’IRSEM)
Faut-il avoir peur ?
6 mai 2017 Institut catholique de Paris 21 rue d'Assas, 75006 Paris |
>>> ENREGISTREMENT DU COLLOQUE
Le monde va mal. En ce début de millénaire, les menaces s'accumulent et l'humanité ne semble pas prête à y faire face (« 2017, année de tous les dangers », titre un magazine). Jamais la contradiction n'a été aussi forte entre, d’une part, la nécessité de coopérer pour affronter les problèmes du moment et, de l’autre, les tendances au repli sur soi et à la légitimation du recours à la force.
L'objet de cette journée sera, en hommage à ce grand penseur de la violence disparu en 2015, d’interroger l’œuvre de René Girard pour tenter d'éclairer notre situation.
La théorie mimétique fournit, de fait, un cadre précieux pour analyser l'emballement des rivalités. Mais qu'a-t-elle à nous dire pour susciter et orienter une action responsable ? Ne nous force-t-elle pas à donner un contenu concret à l'espérance, sans pour autant nous bercer d'illusions sur notre penchant à la violence ? De quels prophètes avons-nous aujourd’hui besoin ?
INTERVENANTS
James Alison, Benoît Chantre, Michel Corbin, Jean-Pierre Dupuy, Bernard Perret, Camille Riquier, Jean-Claude Monod, Jean-Louis Schlegel, Michel Serres de l'Académie française.
PROGRAMME
Matinée
Jean-Pierre Dupuy Face à la catastrophe
Bernard Perret Écologie, institutions et mimesis
Benoît Chantre Terrorisme et démocratie
Camille Riquier Quelle herméneutique de la peur ?
Après-midi
James Alison René Girard et la vertu théologale de l’espérance
Michel Serres Les trois sacrifices
Michel Corbin Grégoire de Nysse et la nature sans mélange du Bien
Table-ronde conclusive animée par Jean-Louis Schlegel : Quels prophètes aujourd’hui ?
Participants : Camille Riquier, Jean-Claude Monod, Bernard Perret.
ENREGISTREMENTS DES INTERVENTIONS >>> SUIVRE LE LIEN
Sauver la planète : une unanimité non-violente est-elle possible ?sous la direction de Bernard Perret, avec Olivier Abel, Christian Arnsperger, Nicola Bouleau, Dominique Bourg, Jean-Pierre Dupuy, Michael Foessel, Dominique Méda, Alain Papaux 7 décembre 2012 Fondation del Duca |
La Planète va mal et le développement durable apparaît de plus en plus comme une chimère. Les négociations internationales sur le climat sont au point mort et il apparaît de plus en plus qu'un processus classique de marchandage sur la base d'intérêts contradictoires a peu de chances d'aboutir à des décisions suffisamment radicales. Au sein même de chaque pays, les remises en cause à opérer dans les modes de vie et l'organisation sociale sont d'une telle ampleur que seules un fort sentiment d'urgence pourrait les rendre acceptables. À elle seule, la raison économique est incapable de susciter les transformations nécessaires dans les comportements et les logiques d'action. Les seuls scénarios d'avenir crédibles sont ceux qui intègrent des ruptures dans l'orientation du développement économique sous l'effet de catastrophes qui, selon toute vraisemblance, ne manqueront de survenir d'ici la fin du présent siècle.
Face un tel constat, nombreux sont ceux qui pensent que le combat mondial contre les périls écologiques – au premier rang desquels le changement climatique – relève d'une logique de guerre, tant il semble impliquer un degré de mobilisation collective qui n'a été observé qu'à l'occasion des guerres modernes. Pour naturelle qu'elle paraisse, la métaphore guerrière est cependant problématique, car elle met en jeu la violence comme ressort central de l'action. Jusqu'ici, en effet, les hommes ont eu besoin d'ennemis ou de victimes émissaires pour transcender leurs intérêts individuels et unir leurs énergies en vue d'un même but. Or, la violence à grande échelle n'est plus seulement moralement inacceptable : c'est désormais une option suicidaire.
La guerre qu'il faut préparer est d'un autre type. Il ne s''agit plus de détruire et tuer mais de s'unir pour sauver ce qui nous est commun afin de rendre possible la poursuite de l'aventure humaine. Quels pourraient être les ressorts anthropologiques et les fondements éthiques d'une telle mobilisation ?
Une fois reconnu le caractère imprescriptible de nos responsabilités à l'égard de l'humanité présente et future, la réponse est à chercher dans une nouvelle compréhension de l'action humaine. Celle-ci n'est pas uniquement régie par la logique de l'accaparement, de la rivalité et de la violence ; elle est habitée par le projet de faire advenir un monde commun vivable et durable qui transcende nos destins individuels. L'émergence de nouvelles problématiques philosophiques autour du Care et de l'éthique de la vulnérabilité peut-être vue comme le signe précurseur d'une révolution des valeurs sous-tendue par une conscience plus aiguë de la fragilité de l'humain. Pour prendre pleinement corps, ce changement devra s'inscrire dans un projet politique et dans un horizon de sens. Pour la première fois dans son histoire, l'humanité doit créer consciemment et en peu d'années les conditions de changements anthropologiques et spirituels qui rendront possibles de nouvelles formes d'existence et d'action collective.
Matin
9h15 – Introduction Bernard PERRET
I – La catastrophe écologique : apocalypse ou accident de parcours ?
9h30– 10 h : Jean-Pierre DUPUY : Limites de la pensée stratégique, défense du catastrophisme éclairé.
10h-10h30 : Olivier ABEL : La crise écologique, un « éboulement » de la civilisation
10h30 – 11h : débat avec la salle
11h15 – 11h30 Pause
II- Transition, rupture civilisationnelle ou conversion ?
11h15 - 11h45 : Dominique BOURG et Alain PAPAUX : Se préparer à faire face aux conséquences sociales (morales, politiques, juridiques, spirituelles et métaphysiques) de la dégradation de la biosphère
11h 45 – 12h15 :Christian ARNSPERGER : Transition écologique, déni des finitudes et renouvellement de la rationalité : Vers une économie écologique existentielle.
12h15 – 13h : débat avec la salle
Après-midi
III – Nouveaux jalons pour l'action humaine
14h15 – 14h45 : Nicolas BOULEAU : Face à la crise climatique, sortir de l'imaginaire économique
14h45 - 15h15 : Dominique MEDA : Prendre soin du monde (Le soin comme nouveau paradigme de l'activité humaine).
15h15– 15h45 : Bernard PERRET : Les ressources d'une Raison revisitée
15h45 – 16h15 : débat avec la salle
16h15– 16h30 Pause
IV – Le Principe Responsabilité en débat
16h30 – 17h : Michael FOESSEL : la démocratie au risque de l'écologie
17h – 17h15 : Réponse de Dominique BOURG
17h15 – 17h30 débat avec la salle
Présentation des intervenants
Olivier Abel est philosophe, professeur à la faculté de théologie protestante de Paris. Auteur de nombreux essais, il est notamment coresponsable du Fonds Ricoeur Dernier ouvrage paru,Le Oui de Paul Ricoeur (Ed. Les petits platons, avec Eunhwa Lee).
Christian Arnsperger est économiste, maître de recherche au Fonds national belge de la Recherche scientifique et professeur à l’Université de Louvain, rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Dernier ouvrage paru : Ethique de l’existence post-capitaliste(2009).
Nicolas Bouleau est mathématicien, spécialiste des risques financiers, Professeur à l'Ecole nationale des ponts et chaussées. Auteur de plusieurs essais et ouvrages scientifiques, il est lauréat du prix Montyon de l'Académie des sciences.
Dominique Bourg est philosophe, professeur à l'Université de Lausanne et membre du comité stratégique de la Fondation Nicolas Hulot. Il est notamment l'auteur de Vers une démocratie écologique : Le citoyen, le savant et le politique (Seuil 2010, avec Kerry Whiteside).
Jean-Pierre Dupuy est philosophe, professeur émérite à l'Ecole Polytechnique et professeur à l'université Stanford. Dernier ouvrage paru, L'Avenir de l'économie : Sortir de l'écomystification(Flammarion 2012)
Michael Foessel est philosophe, professeur des universités à l'Ecole pratique des hautes études, spécialiste de philosophie morale et de philosophie politique. Dernier ouvrage paruAprès la fin du monde(Seuil, octobre 2012).
Dominique Méda est philosophe et sociologue, titulaire de la chaire « Reconversion écologique, travail, emploi, développement durable » au Collège des études mondiales (Fondation Maison des sciences de l'homme). Elle a notamment publié Au-delà du PIB. Pour une autre richesse(Flammarion, 2008).
Alain Papaux est professeur de méthodologie juridique et de philosophie du droit à l'Université de Lausanne et professeur d'épistémologie juridique à l'Académie européenne de théorie du droit, à Bruxelles. Il a notamment co-dirigé avec Dominique Bourg l'ouvrage collectif Sobriété volontaire : En quête de nouveaux modes de vie (Labor et Fides 2012)
Bernard Perret est ingénieur, socio-économiste et essayiste. Dernier ouvrage paru : Pour une raison écologique (Flammarion 2011).
Girard - LevinasDu sacré au saint
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Girard-Levinas, Colloque BNF du 12 -13 novembre 2012
Le but de ce colloque est de confronter la pensée de René Girard à celle d’Emmanuel Lévinas afin de comprendre à la fois la façon dont ces deux penseurs se complètent et les différences qui séparent leurs positions intellectuelles respectives.
René Girard articule depuis 1961 et à travers à peu près vingt livres ce qu’on pourrait appeler une théorie du sacré dans la culture occidentale archaïque et moderne. Cette théorie repose sur trois postulats fondamentaux :
1) selon Girard (qui base ses propres intuitions sur celles des écrivains comme Dostoïevski), le désir est emprunté à l’autre, qui joue le rôle du médiateur ou du modèle ;
2) à partir de l’idée que la culture est fondée sur un système de différences ou de distinctions, Girard affirme que les cultures archaïques «gèrent» le désir mimétique en faisant la distinction entre le sacré et la violence,et surtout en se servant du «mécanisme sacrificiel» qui consiste, dans les périodes de crise, à expulser un «bouc émissaire» (une victime qui se substitue à la foule) en dehors de la communauté afin de restaurer l’ordre àl’intérieur du groupe ; et 3) le monde moderne est né au moment où le sacrifice ne fonctionne plus, d’où le besoin de nouvelles solutions anti-sacrificielles pour que la culture puisse survivre sans s’autodétruire, un but exprimé d’aborddans les Écritures juives et ensuite dans les Évangiles.
Emmanuel Levinas articule depuis 1961 et dans à peu près vingt livres ce qu’on pourrait appeler une théorie del’éthique. Peu convaincu par le concept de la subjectivité et de la moralité développé depuis Kant jusqu’à Heidegger en passant par Hegel et Husserl, et dans lequel un sujet conscient se retrouve face à des objets de connaissance(une séparation entre la connaissance et la moralité identifiée par Heidegger comme étant « l’ontologie fondamentale »), Levinas propose un alternatif : une compréhension de la subjectivité humaine fondée sur une responsabilité éthique primordiale et sans limite devant autrui, dont le visage nous accorde un accès à l’infini à l’intérieur même du fini. A travers ce qu’on pourrait voir comme une série de projets entrepris en parallèle à la fois par les études juives et la tradition philosophique occidentale à partir de Platon, Levinas construit cequ’on pourrait en effet définir comme une traduction de l’hébreu en grec.Puisant dans les écrits de Martin Buber et de Franz Rosenzweig, Levinas propose une éthique « descriptive » qui inverse le rapport kantien traditionnel entrel’éthique et le politique, une nouvelle configuration qui subordonne toute rencontre médiatisée (l’universel, le juridique, le catégorique, le politique)à la rencontre personnelle immédiate entre le moi et autrui par lequel nous sommes pour ainsi dire pris en otage.
Nous souhaitons tenter l’hypothèse selon laquelle ces deux pensées se répondent et se complètent de manière fructueuse :si Girard a une théorie du sacrifice en tant que tel, il n’a en revanche aucune théorie éthique, tandis que Levinas propose une théorie de l’éthique compatible avec la lecture anti-sacrificielle que fait Girard du sacré, mais sans jamaisl’articuler de cette façon. Il se peut en effet que le fait d’articuler la pensée des deux hommes en philosophie, en anthropologie, en littérature et en études religieuses, et ceci de manière complémentaire voire continue, puisse contribuer à une compréhension plus large des phénomènes auxquelss’intéressaient tous les deux : une théorie du sacré et une théorie del’éthique, une théorie de l’éthique qui émerge d’une théorie du sacré et qui prolonge celle-ci.
INTERVENANTS :
1ere journée :
Ann Astell(Professeur département théologie Université of Notre Dame Indianna) , Joachim Duyndam (Professeurde philosophie et Humanisme Université des ciences humaines à Utrecht, Pays-Bas),Guillaume Fau (ConservateurBibliothèque nationale de France), SandorGoodhart (Professor at Purdue University's ,West Lafayette), Joelle Hansel (Professeur dephilosophie à l'Université hébraïque de Jérusalem), David Hansel (Directeur de recherche au Laboratoire de Neurophysique et Physiologiedu Système Moteur), Georges Hansel (Professeurde mathématiques et d'informatique à la Faculté des sciences de l'Université deRouen), Justin Jackson ( Professeur Université du Michigan), Andrew Mckenna (homme politique américain affilié du parti républicain), Sol Neely (Professeur adjoint Université de l’Alaska du sud-ouest),David Uhrig
2eme journée : Flora Bastiani (Chargée de cours au département de philosophie de l’Université de Toulouse II), Benoît Chantre (Président de l’ARM), Pascal Delhom (Conseil académique à l'Institut de Philosophie à l’Université de Flensburg), Jean-Michel Salanskis (Professeur de philosophie à l' Université de Paris Ouest), François-David Sebbah (Professeur de Philosophie contemporaine,Université de Technologie de Compiègne), Frédéric Worms (Professeur dephilosophie à l'Ecole normale supérieure)
Girard - LevinasDu sacré au saint
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Girard-Levinas, Colloque BNF du 4 novembre 2013
Le but de cette journée d’études serad’approfondir, ou de relancer, les questions posées par le colloque international organisé l’an dernier à la BnF et à l’ENS (sous la direction de Benoît Chantre et Sandor Goodhart) autour d’une approche comparative des pensées de René Girard et d’Emmanuel Levinas. Certaines thèses avancées à cette occasion seront confrontées à de nouvelles approches venues les enrichir et les mettre en perspective. Jean-Luc Marion, membre de l’Académie française,assistera à ces débats et y apportera des remarques conclusives.
René Girard a élaboré depuis son premier livre, en 1961, une théorie du sacré dans la culture occidentale. Cette théorie repose sur trois postulats fondamentaux :
1) le désir est emprunté àl’autre, qui joue le rôle du médiateur ou du modèle (approche inspirée par des écrivains comme Dostoïevski) ;
2) la culture étant définie comme un système de différences, les cultures archaïques « gèrent » le désir mimétique en refaisant sans cesse la distinction entre les violences légales et illégales, le sacré et la violence ; elles se servent, pour ce faire, du« mécanisme sacrificiel » ;
3) le monde moderne est né du délitement de l’institution sacrificielle, d’où le besoin de trouver une alternative au sacrifice, afin que la culture puisse survivre sans s’autodétruire, alternative apparue dans les Écritures juives, puis dans les Évangiles.
Emmanuel Levinas construisit, en particulier depuis Totalité et Infini,publié lui aussi en 1961, ce qu’on peut appeler une théorie de l’éthique. Peu convaincu par le concept de subjectivité et de moralité développé de Kant à Heidegger, en passant par Hegel et Husserl, concept qui met un sujet conscient face à des objets de conn aissance, Levinas propose une compréhension de la subjectivité humaine fondée sur une responsabilité éthique première et sans limite devant autrui, dont le visage donne un accès à l’infini. Menant de front plusieurs projets, conjointement dans les études juives et dans la tradition philosophique à partir de Platon, Levinas voulut faire revenir l’hébreu dans l egrec. Puisant dans les écrits de Martin Buber et de Franz Rosenzweig, i lconstruisit une éthique « descriptive » qui inverse le rapport kantien traditionnel entre l’éthique et le politique : cette configuration nouvelle subordonne toute rencontre médiatisée (l’universel, le juridique, le catégorique, le politique) à la rencontre personnelle immédiate entre le moi et autrui, par lequel nous sommes pour ainsi dire pris en otage.
Notre recherche s’applique ainsi à vérifier que ces deux pensées se répondent et se complètent de manière fructueuse : si Girard déploie une théorie du sacrifice en tant que tel, il n’aen revanche pas de théorie éthique ; Levinas propose, lui, une théorie del’éthique tout à fait compatible avec la lecture anti-sacrificielle que Girard fait du sacré, même si elle ne se pense pas dans les mêmes termes.L’articulation de ces deux pensées en philosophie, en anthropologie, en littérature et en sciences religieuses, pourrait ainsi aider à une compréhension plus large des phénomènes étudiés : une théorie du sacré et une théorie del’éthique, une théorie de l’éthique qui émerge d’une théorie du sacré et la prolonge.
INTERVENANTS :
Dan Arbib, Benoît Chantre (ARM), Daniel Cohen-Levinas, Jean-Luc Marion, de l’Académie française, Camille Riquier (Institut catholiquede Paris), François-David Sebbah (Professeur de Philosophiecontemporaine, Université de Technologie de Compiègne), Sandor Goodhart (Professor at PurdueUniversity's ,West Lafayette).
René Girard et la théologieSamedi 16 mars 2012
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http://www.rene-girard.fr/57_p_44740/rene-girard-et-la-theologie.html
Enregistrements du matin et après-midi
L’anthropologie de René Girard, fondée sur une description du mécanisme victimaire, a profondément renouvelé notre compréhension du sacrifice. Mais René Girard ne s’est pas contenté de construire une théorie morphogénétique valant pour toutes les sociétés humaines. Il a tenté de montrer comment la révélation chrétienne bouleverse de fond en comble la structure du religieux archaïque : en mourant sur la Croix, le Christ révèle la nature du meurtre fondateur à l’origine de toute institution.
Mais René Girard n’est pas théologien. Ce sont donc les « effets théologiques » de cette anthropologie que nous voudrions interroger, pour en apprécier la fécondité, dans l’engendrement d’une théologie dont l’expression serait plus abordable par tous les hommes de notre temps.
La lecture du livre de James Alison, Le Péché originel à la lumière de la résurrection (Cerf, 2009), précieux tant pour son introduction à la pensée de Girard que pour la théologie qu’il déploie à partir des hypothèses mimétiques, nous a semblé nécessaire et constituer l’une des conditions de cette première rencontre. D’autant que la préface à l’édition française, de la main de René Girard lui-même, y donne une entrée lumineuse pour aborder la question des rapports entre l’anthropologie mimétique, d’un côté, les théologies juive et chrétienne, de l’autre.
9.15-9.30 Introduction par Benoît Chantre, « René Girard et la théologie »
9.30-10.00 James Alison, « Une théologie girardienne du péché originel »
10.00-10.30 François Euvé, « Réponse à James Alison sur la question du péché »
10.30-11.00 Débat
11.00-11.15 Pause
11.15-11.45 Dan Arbib, « L’anthropologie girardienne vue du côté du judaïsme »
11.45-12.30 Débat
14.30-15.00 Lucien Scubla, « Le péché originel selon Pascal, Rousseau et Girard »
15.00-15.30 Dominique Peccoud, « Mimésis et pensée trinitaire »
15.30- 16.00 Débat
16.00-16.30 Conclusion de la journée par Dominique Peccoud
Malgré de nombreuses divergences, il y a donc aussi de nombreux points de contact entre ces deux penseurs, comme si la relation de René Girard à Sartre incarnait à elle seule une relation mimétique de proximité et de distance.
Avec Benoît Chantre (ARM-Imitatio), Paul Dumouchel (Université Ritsumeikan, Kyoto), Jean-Pierre Dupuy (Université Stanford), Eric Gans (UCLA), Adrian Navigante (Université d’Eichstätt), Stéphane Vinolo (Regent´s University, Londres), Frédéric Worms (ENS-CIEPFC).
par Joseph Niewiadomski
Revue COV&R mai 2012(en anglais)
Girard - SartreExistence et transcendance(Colloque international ARM / BnF/ ENS CIEPFC) Samedi 6 décembre 2014,
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Sartre-Girard, Colloque BNF du 6 décembre 2014
Chaque fois que René Girard critique l’œuvre sartrienne, ce n’est jamais sans lui avoir rendu préalablement hommage ; hommage d’autant plus troublant qu’il touche au cœur de la théorie du désir mimétique, à la structure du triangle et de la spirale : « Les analyses du rôle de l’autre dans ce que Sartre appelle «le projet» - le garçon de café dans L’Être et le néant – les analyses de la mauvaise foi, de la coquetterie, sont merveilleuses à mes yeux.» Les relations entre René Girard et Sartre sont donc ambivalentes et méritent une analyse plus poussée.
Opérer entre les deux pensées de nombreux rapprochements conceptuels permettrait de porter un regard nouveau sur ces œuvres. Ainsi par exemple les proximités entre la mauvaise foi sartrienne et la méconnaissance girardienne nous plongent toutes deux dans une anthropologie du mensonge à soi-même et donc du Je en tant qu’il est toujours déjà un « jeu ». Nous pourrions aussi rapprocher la spirale mimétique à laquelle René Girard soumet tous ses concepts à la logique des tourniquets sartriens dans laquelle les positions conceptuelles s’échangent sans cesse…
Malgré de nombreuses divergences, il y a donc aussi de nombreux points de contact entre ces deux penseurs, comme si la relation de René Girard à Sartre incarnait à elle seule une relation mimétique de proximité et de distance.
INTERVENANTS :
Avec Benoît Chantre (ARM-Imitatio), Paul Dumouchel (Université Ritsumeikan, Kyoto), Jean-Pierre Dupuy (Université Stanford), Eric Gans (UCLA), Adrian Navigante (Université d’Eichstätt), Stéphane Vinolo (Regent´s University, Londres), Frédéric Worms (ENS-CIEPFC).
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Girard - DerridaD'une déconstruction à l'autre(Colloque international ARM / BnF/ ENS CIEPFC) Samedi 16 NOVEMBRE 2013
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Sartre-Girard, Colloque BNF du 16 novembre 2013
Il y a entre René Girard et Jacques Derrida des points de rencontres, et d’abord une rencontre.Parce que, comme on le sait, c’est Girard qui, lors du colloque de 1966 à Baltimore,a ouvert la voie de la notoriété à Derrida, du même mouvement qu’il était, sans le savoir, à l’origine du succès américain de la French Theory Consacrer un colloque à ces deux auteurs, nous oblige donc à revenir sur ce commencement d’une manière singulière : à partir de deux de ses initiateurs qui ont en commun ceci de n’avoir participé à la French Theory qu’en marquant un écart avec ses mouvements dominants ; qui, par exemple, ne se rapportent à la psychanalyse ou au structuralisme qu’en prenant quelques vraies distances.
Mais Girard cite peu Derrida et Derrida ne cite pas Girard. Pourtant, les lecteurs sentent des points de frôlement, voire de contact. Derrida, lecteur subtil du détail, Girard avançant avec moins d’égards vers l’intuition centrale d’un texte ou d’une tradition, partagent néanmoins une même violence interprétative :si la « déconstruction » est derridienne, Girard n’aura pas refusé dequalifier ainsi son propre travail.
Tous deux rôdent également dans les parages de l’ambivalence du pharmakon qui peut sauver et/ou tuer ; tous deux tiennent à la différence et se méfient del’indifférence en sa proximité avec une violence originaire. Enfin, le déconstructeur de toute onto-théologie aura médité les rapports de la déconstruction avec la « théologie négative » ; il aura, le temps passant (et au contact de Levinas), présenté la déconstruction comme un« dire oui » sans condition, la mise en contact avec un « me voici » abrahamique qui ouvre une temporalité messianique. Dans le même temps de mûrissement, le penseur du désir mimétique, de son côté, aura accordé à la tradition biblique un statut exemplaire et décisif ; puis il aura fait du christianisme la seule sortie salutaire hors du temps apocalyptique de la « montée aux extrêmes » (selon les mots de Clausewitz).
Les différences entre les deux penseurs certes s’aiguisent ; mais ne témoignent-elles pas aussi qu’ils s’approchent ensemble d’enjeux brûlants que leur confrontation pourrait aider à mettre au jour ? En menant à bien cette confrontation, sans doute ne faudra-t-il pas sous-estimer la différence entre un geste philosophique, fût-il déconstructeur de la philosophie elle-même, et un geste qui, relevant à un moment et pour une part d’une certaine critique littéraire, s’installedans le donné de l’anthropologie.
Ce colloque sera donc une injonction à méditer, au sein d’une proximité, ce qui distingue la différence et la différance ;une pensée qui scrute le jeu de l’indifférenciation et de la différence, les liens du désir et de la violence, l’ambivalence du pharmakon au cœur de l’humain et à l’origine de la culture ; et une pensée qui, habitée par des inquiétudes proches, les aborde en se laissant affecter par la déstabilisation de la question de l’Etre, la déconstruction de la métaphysique et/ou del’onto-théologie.
INTERVENANTS :
Emanuele Antonelli (Università degli Studi di Torino), Gérard Bucher (New York State University at Buffalo), BenoîtChantre (ARM),Jean-Pierre Dupuy (Stanford University), Eric Gans (UCLA), Andrew Mac Kenna (Loyola University, Chicago), François-David Sebbah (Professeurde Philosophie contemporaine, Université de Technologie de Compiègne), Stéphane Vinolo (Regent's College, London).
Matin :
président de séance : Andrew McKenna (Loyola University, Chicago)
9h00 Accueil par Denis Bruckmann (BnF) et Andrew McKenna
9h15 Benoît Chantre (ARM), « Girard-Derrida, une relation à l’origine »
9h45 Stéphane Vinolo (Regent's College, London), « Derrida [tout] contre Girard : du double à l’origine »
10h15 Pause
10h30 Gérard Bucher (New York State University at Buffalo), « Derrida-Girard : le double impensé du sens et du sacré »
11h00 Eric Gans (UCLA), « Anthropologie générative, grammatologie girardienne »
11h30 Débat, animé par Andrew McKenna
Après-midi :
présidence de séance : Charles Ramond (Paris VIII - Vincennes Saint-Denis)
14h00 François-David Sebbah (Université de Technologie de Compiègne), « D’une différence à l’autre : Girard et Derrida »
14h30 Emanuele Antonelli (Università degli Studi di Torino), « 1972 : Girard, Derrida et la disparition de l'extériorité »
15h00 Pause
15h15 Andrew McKenna (Loyola University,Chicago) « Achever Derrida »
15h45 Jean-Pierre Dupuy (Stanford University)« Déconstruction de la déconstruction »
16h15-17h00 Débat et table-ronde conclusive animés par Charles Ramond
Girard - HenryLe désir de l'Autre(Colloque international ARM / BnF/ ENS CIEPFC) Samedi 7 NOVEMBRE 2015
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Vidéos du Colloque BNF du 7 novembre 2015
L’éthique girardienne de la bonne identification à autrui, fondement d’une société qui parviendrait à déjouer les pièges de la violence, peut-elle consonner avec la « phénoménologie de la Vie » de Michel Henry ? Chez ce dernier, en effet, le rapport des vivants à la Vie est effectué hors du monde, hors de tout horizon de visibilité, hors de toute extériorité : dans le rapport affectif immédiat de la Vie à elle-même. De là, comment envisager la possibilité même de l'existence d'autrui, à laquelle la pensée de René Girard oblige urgemment ? Comment fonder ma propre existence, et a fortiori ma propre consistance éthique, dans une relation qui a lieu dans le monde social ou sentimental ?
Il s’agira donc de se demander comment penser une identification morale à l’autre au sein d’une phénoménologie où la notion même d'autrui paraît si mal fondée. Si René Girard rend précisément compte du désir et de la violence qui caractérisent les relations mimétiques, Michel Henry pense au contraire la Vie comme toujours mienne, et semble ne ménager aucune relation possible entre les vivants. Il importera donc de se demander si une interprétation « henryenne » des enjeux éthiques de l’anthropologie de René Girard est possible. La réponse à cette question nous sera peut-être donnée dans l’engagement chrétien des deux penseurs, si différents par ailleurs, et dans l’unité de leurs pensées, pourtant apparemment disjointes.
INTERVENANTS :
Avec Thierry Berlanda (Collège international de philosophie), Benoît Chantre (Fondation Imitatio), Grégori Jean (FNRS, Fonds Michel Henry), Jean-Philippe Milet (Lycée Henri IV), Adrian Navigante (India-Europe Foundation for New Dialogues), François-David Sebbah (Université Paris-Ouest), Jérôme Thélot (Université Lyon III).
Matin
Présidence : Benoît Chantre
10.00-10.15 Benoît Chantre : « Sur une page de Michel Henry.»
10.15-10.45 Jean Philippe Milet : « La chose cachée depuis la fondation du monde. Entre et par-delà René Girard et Michel Henry ».
10.45-11.15 Thierry Berlanda : « La violence du désir ressortit-elle radicalement au désir de violence ? »
11.45-12.00 Pause
12.00-12.30 Débat
Après-midi
Présidence : Thierry Berlanda
14.00-14.30 Grégori Jean, « Le désir d’autrui, entre érotisme et violence ».
14.30-15.00 Adrian Navigante, « Désir et non-savoir : envisager l’altérité avec René Girard, Levinas et Henry. »
15.00-15.30 Jérôme Thélot, « Voix et sacrifice dans le cinématographe selon Robert Bresson. »
15.30-16.00 Débat
16.00-16.30 Pause
16.30-17.00 Table-ronde avec tous les participants, en présence de François Sebbah (pour des remarques conclusives).
CV DES INTERVENANTS
René Girard, lecteur de Shakespeare“Reading Shakespeare with René Girard”Samedi 10 novembre 2012 Grand Amphithéâtre de l'Institut du Monde anglophone |
http://www.rene-girard.fr/57_p_44749/shakespeare.html
En réunissant des Shakespeariens éminents et des universitaires proches de René Girard, ce colloque cherche à évaluer la contribution de Girard aux études shakespeariennes et à réexaminer les thèses de son livre « Shakespeare, Les feux de l’envie » vingt ans après sa publication. Ce colloque a eu lieu dans le grand amphithéâtre de l’Institut du Monde Anglophone à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris3.
Jean Duchesne, Michael Edwards, Sandor Goodhart, Joël Hillion, Gérard Hocmard, William Johnsen, Michael Kirwan, Efrain Kristal, François Laroque, Trevor Merrill.
Trevor Cribben Merrill (ARM) : « Les raisons de ce colloque.
La place des Feux de l'envie dans l'oeuvre de Rene Girard »
Michael Edwards (Colle ge de France) : " Au-dela du de sir "
Sandor Goodhart (Purdue University) : "Reading Girard, Shakespeare, and Othello"
Gérard Hocmard (ARM) : "La persona des Sonnets entre honte et envie"
Joe l Hillion (ARM) : "Le langage mime tique dans les Sonnets de Shakespeare"
Michael Edwards (Colle ge de France) : « Le dark lord des Sonnets »
Michael Kirwan (Heythrop College) : '"Civil Butchery": une lecture mime tique des pie ces historiques de Shakespeare"
William Johnsen (Michigan State University) : "That future strife may be prevented now': Le roi Lear"
Efrain Kristal (University of California at Los Angeles) : Le conte d'hiver selon Rene Girard et Yves Bonnefoy.
Jean Duchesne, (ARM) : "Souvenirs d'Evangile chez Shakespeare (autour de Hamlet, King Lear et Macbeth) "
Le tragique et la tragédieAutour de "La Violence et le Sacrévendredi 1er juin 2012
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Le but de cette journée sera de tenter un bilan critique de la lecture que René Girard fait de la tragédie grecque dans La Violence et le Sacré (1972). Il s’agissait pour lui d’analyser le mécanisme victimaire à travers le prisme de l’Œdipe-Roi de Sophocle et des Bacchantes d’Euripide. Cette lecture attentive lui permettait de dégager les traces d’une « crise sacrificielle », d’une confusion des violences légale et illégale à l’origine de l’institution du sacrifice : témoignant d’un progrès décisif dans l’intelligence du rituel, la tragédie grecque mimerait la contagion des désirs rivalitaires, ceci jusqu’à l’expulsion du pharmakos.
Cette reconstruction du religieux archaïque avait une autre fonction, que révéla le troisième livre de René Girard, Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978) : proposer une analyse de la révélation judéo-chrétienne comme révélation de la victime innocente. Sur l’auto-transcendance des sociétés « primitives », capables d’extérioriser leur violence sous la forme du sacré, vient alors se greffer une autre transcendance : celle d’un Dieu étranger à la violence des hommes et se révélant au coeur du mécanisme victimaire. Il y a là une manière originale de reconduire les schèmes de l’analyse typologique, en faisant de l’archaïque dans son ensemble une préfiguration du judéo-christianisme.
C’est ce montage dont nous voudrions éprouver la validité autour de l’exemple de la tragédie grecque. Le livre de Pierre Judet de la Combe, Les Tragédies grecques sont-elles tragiques ? (2010) apporte à cette perspective des éléments d’analyse philologiques du plus grand intérêt, dont il importera de tenir compte. Nous nous demanderons ainsi comment René Girard, grand lecteur de Hölderlin et de Simone Weil, s’inscrit (ou ne s’inscrit pas) dans le cadre de la réflexion philologique des XIXe et XXe siècles, qui vise à faire du modèle grec une figure égale, sinon supérieure au modèle biblique.
9.30 - 10.00 Benoît Chantre (Président de l’Association Recherches Mimétiques et fellow de la Fondation Imitatio) : « René Girard et la tragédie grecque : une introduction. »
10.00-10.30 François Athané (agrégé et docteur en philosophie) : « On égorge une enfant. Cinq thèses de René Girard à l’épreuve de L’Orestie d’Eschyle. »
10.30-11.00 Lucien Scubla (agrégé de philosophie, docteur en anthropologie et membre du Centre de Recherche en Épistémologie Appliquée de l’École polytechnique) : « La crise sacrificielle dans la tragédie grecque, d’après les analyses complémentaires de Walter Burkert et de René Girard. »
11.00-11.45 Débat
11.45-12.15 Jean-Christophe Goddard (professeur des Universités à l'Université de Toulouse le Mirail) : « Hölderlin ou le rythme impossible. »
12.15-13.00 Débat— suivi de la pause déjeuner
14.30-15.00 Pierre Judet de la Combe (directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales) : « Tragique et tragédie, le moment 1800 »
15.00- 15.30 Jean-Michel Rey (professeur émérite des universités à Paris VIII, département de littérature française) : « Sur quelques thèmes de René Girard »
15.30-16.00 Patrice Loraux (maître de conférences à l'Université Paris I, Panthéon-Sorbonne) : « Une tragédie grecque est aussi un irréductible »
16.00 - 17.00 Débat et conclusion de la journée Patrice Loraux , Jean-Michel Rey, Lucien Scubla .
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"L'Idiot" de Dostoïevski : incarnation romanesque et incarnation théâtralesamedi 14 mars 2015 |
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A l’occasion de la mise en scène de« L’Idiot » de Dostoïevski, par la compagnie « Les apprentis del’invisible », l’ARM a organisé une conférence-débat sur la pièce
Les personnages de Dostoïevski paraissent échapper à toute analyse psychologique. Ils semblent détenir un secret mystérieux, motif caché de leurs actions incompréhensibles, et garant d’une liberté qui nous échappe.Si nous croyons à ce secret, nous pouvons envier leur vie passionnée.
Mais si nous renonçons aux illusions des personnages pour accéder à l’objectivité du roman pris dans son ensemble, nous découvrons que ce que nous avions pris pour la liberté n’était que l‘agitation désespérée de ceuxqu’asservissent les désirs.
Dostoïevski a assisté à l’émergence brutale du capitalisme dans une Russie encore presque médiévale. Au milieu de ces bouleversements, ila étudié maillon par maillon toute la chaîne des rapports humains. Des conflits entre individus jusqu’à son organisation globale, il a décrit une société quiest encore la nôtre, et où, partout, il a vu la prolifération du désir.
avec Benoît Chantre, Jean-Pierre Dupuy, David Goldzahl et Jérôme Thélot.
Mensonge romantique et vérité romanesque de Réné Girard
Critique dans un souterrain de René Girard
L'idiot de Dostoïevski de Jérome Thélot
Les personnages de Dostoïevski paraissent échapper à toute analyse psychologique. Ils semblent détenir un secret mystérieux, motif caché de leurs actions incompréhensibles, et garant d’une liberté qui nous échappe. Si nous croyons à ce secret, nous pouvons envier leur vie passionnée.
Mais si nous renonçons aux illusions des personnages pour accéder à l’objectivité du roman pris dans son ensemble, nous découvrons que ce que nous avions pris pour la liberté n’était que l‘agitation désespérée de ceux qu’asservissent les désirs.
Dostoïevski a assisté à l’émergence brutale du capitalisme dans une Russie encore presque médiévale. Au milieu de ces bouleversements, il a étudié maillon par maillon toute la chaîne des rapports humains. Des conflits entre individus jusqu’à son organisation globale, il a décrit une société qui est encore la nôtre, et où, partout, il a vu la prolifération du désir.
Notre compagnie fonde son travail sur l’étude de ces textes qui nous aident à comprendre ce que nous sommes. En portant L’Idiot au théâtre, nous voulons rendre sensibles les mécanismes qui animent ces personnages. Loin d’être des étrangers, ils sont l’un des miroirs les plus fidèles où nous pouvons nous regarder et nous comprendre.
Analyse des personnages
- Sur Nastassia : http://lesapprentisdelinvisible.fr/nastassia-ce-brillant-objet-du-desir/
-Sur la violence sacrificielle : http://lesapprentisdelinvisible.fr/violence-sacrificielle-en-milieu-petit-bourgeois/
- Sur la forme du désir des personnages : http://lesapprentisdelinvisible.fr/les-personnages-malades-du-desir/
- Sur Rogojine : http://lesapprentisdelinvisible.fr/lidiot-pourquoi-rogojine-tue-t-il-la-femme-quil-aime/
- Sur Gania : http://lesapprentisdelinvisible.fr/actualites-2/le-vrai-visage-de-gania/
- Et sur le Prince (christique, tel qu'il apparait dans la première partie) :
http://lesapprentisdelinvisible.fr/enquete-sur-letre-2-le-prince-le-bien-et-letre/
- Sur Ferdychtchenko
http://lesapprentisdelinvisible.fr/la-honte-contagieuse/
"Le Messie" de Haendelmars 2011
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vidéo : La structure du "Messie" en actes
Vidéos Extraits de la représentation
Ouverture
Allelujah
Der Herr gab das Wort
Créé dans un « Music Hall » à Dublin en 1742, le Messie de Haendel est une œuvre protéiforme, dont la plasticité se prête à tous les contextes. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Théâtre du Châtelet a choisi de donner aujourd’hui cette œuvre dans la réorchestration que Mozart en fit en 1789. De fait, nous sommes souvent plus proches ici de Don Giovanni ou de la Messe en ut que de Julio Cesare ou de Tamerlano : saisissante expérience, où l’on voit Mozart transformer de l’intérieur la machinerie haendélienne et l’ouvrir sur la modernité. Mais au-delà de ces choix esthétiques, le pari de mettre en scène cet oratorio nous oblige à nous prononcer sur l’actualité du Messie et de ce qu’il est convenu d’appeler le messianisme. Quelle est cette tradition ? Survit-elle encore à l’échec des messianismes politiques, ces tentatives malheureuses de réaliser ici-bas le « Royaume » ? Le religieux lui-même nous parle-t-il encore, après tous ces échecs, ou n’est-il qu’une enfance heureusement dépassée de l’humanité ?
Figures du Messie15 MARS 2011
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Video, durée 10 min |
Figures du Messie - vidéo de présentation de Benoît Chantre
A l'occasion de ces représentations, l’ARM a organisé le 15 mars 2011 avec le Théâtre du Châtelet une rencontre d’une journée : « Figures du Messie » , où le public fut invité à venir suivre un parcours historique, philosophique, théologique, musicologique et poétique.
Que signifie le fait de donner à Paris une mise en scène du Messie de Haendel ? Quelle est, plus largement, l’actualité de ce qu’il est convenu d’appeler le messianisme ? Cette tradition survit-elle à l’échec des messianismes politiques, ces tentatives malheureuses de réaliser ici-bas le Royaume ?
Avec : Dan Arbib, Gilles Cantagrel, Benoît Chantre, Jean-Luc Choplin, Florence Delay, Vincent Delecroix, Paul Dumouchel, Sylvie Germain, Jean-Claude Guillebaud, Oleg Kulik, Marc de Launay, Michel Serres, Bernard Sichère, Frédéric Worms, Jean-François Zygel.
Messianisme et Mécanisme de Paul Dumouchel
Edition des actes du colloque et des interventions de Michel Serres
Figures du Messie, aux Editions Axe Sud
Comprenant les actes et 4 DVD (spectacle et colloque)
La relation franco allemande.
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Il s’agira de faire le point sur la relation franco-allemande de 1945 à nos jours. Dans l’horizon du cinquantenaire de la rencontre Adenauer-De Gaulle à Reims en 1962, la parole sera donnée à des historiens, des philosophes, des économistes, des spécialistes de stratégie, des scientifiques, des artistes et des théologiens, qui tous aborderont la question de l’identité de l’Europe et de son avenir.
Les Actes du colloque ont été publiés aux Editions Parole et silence (ISBN 978-2-249-62023-2)
Les terrorismes contre la guerreCOLLOQUE INTERNATIONAL décembre 2007
Centre Georges Pompidou
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Girard - Lévi-StraussLe sacrifice aujourd’hui27 janvier 2012
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Levi-Strauss-Girard, Colloque ENS du 27 janvier 2012
Claude Lévi-Strauss et René Girard ont fortement contribué, chacun avec son génie propre, à rénover en profondeur l’anthropologie du siècle dernier. Ce sont aussi deux grands écrivains français, alliant clarté de la pensée et puissance de synthèse.
Cependant, à considérer leurs travaux respectifs, tout semble les opposer. Si le sacrifice peut servir à jeter un pont entre eux, ce n’est certainement pas à titre de dénominateur commun. Sa place est marginale, chez Lévi-Strauss, où il sert surtout de repoussoir à la pensée totémique et classificatoire, qui oriente notre rapport au monde naturel et social. Elle est au contraire centrale chez Girard, où le sacrifice est la racine et le pivot de l’organisation sociale.
C’est justement parce qu’il occupe, chez ces deux auteurs, des positions symétriques et inverses que le thème du sacrifice devrait pouvoir, mieux que d’autres,favoriser la comparaison et l’évaluation réciproque de leurs pensées concurrentes et complémentaires. Alors que le croisement entre ces deux anthropologies a rarement été tenté, l’éloignement dont nous bénéficions nous permet de les situer au cœur du « moment 1960 » en philosophie et en sciences humaines, et ainsi d’éclairer, appuyés sur leur opposition féconde, les phénomènes de violence de masse qui nous sont contemporains. Tel est le pari de cette journée d’étude, qui, s’il est gagné, devrait déboucher sur un colloque international destiné à en conforter et développer les résultats.
Avec Mark Anspach, Benoît Chantre, PaulDumouchel, Camille Tarot, Simon Simonse, Lucien Scubla, Kozo Watanabé etFrédéric Worms
Girard – BourdieuDes affinités méconnuesmardi 18 juin 2013
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Vidéos |
Girard - Bourdieu, Colloque BNF du18 juin 2013
Le rapprochement entre les pensées de René Girard et de Pierre Bourdieu aura-t-il jamais été tenté ? Il existe pourtant une proximité assez visible entre le désir mimétique girardien et ce que Bourdieu appelle « lutte des classements »,par distinction avec la lutte des classes. Dans les deux cas, on observe une rivalité, une violence, une domination dont l’enjeu n’est pas réductible à l’économie, et qui est à mettre en relation avec le besoin de reconnaissance.
Une tension est cependant observable entre Bourdieu, qui englobe les luttes pour la reconnaissance au sein des luttes pour la possession du capital économique, et Girard, qui donne la priorité aux luttes de reconnaissance, de prestige oud’amour-propre: ce sont ces luttes qui aboutissent à la lutte des classes et à la paupérisation. Ce point de départ ne préjuge pas d’autres rapprochements possibles entre ces deux penseurs.
Quel rapport la littérature entretient-elle en effet avec les rivalités symboliques? Elle peut, certes, les thématiser, comme Girard et Bourdieu l’ont montré.Mais une hypothèse plus ambitieuse serait que la littérature dans son essence consiste à résister aux rivalités mimétiques ou aux luttes de classement.
Les neurones miroirs et la nouvelle psychopathologie30 novembre 2013,
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Video, durée 30 min |
organisé en partenariat avec l’Association Française de Psychiatrie
Salle de conférence de l’AQNDC
92bis boulevard du Montparnasse, 75014 PARIS
Nous nous interrogerons à travers des approches différentes au désir mimétique en relation avec les travaux de René Girard.
Celui-ci a développé le concept de désir mimétique, interférence immédiate du désir imitateur et du désir imité. En d’autres termes, ce que le désir imite est le désir de l’autre, le désir lui-même.
Cette théorie nous questionne sur l’objet, le mouvement du désir, la relation à l’autre et au-delàsur son implication dans le soin.
Nous revisiterons ainsi les concepts psychopathologiques,sans manquer d’évoquer les travaux neuroscientifiques sur les neurones miroirs qui ont permis à des chercheurs de faire un lien entre ces neurones et le mécanisme de l'empathie, données pouvant conférer une assise à la théorie mimétique.
AVEC LA PARTICIPATION DE :
Benoît CHANTRE, Natalie DEPRAZ, Jean-Paul KORNOBIS, Yves MANELA, Christian MILLE,
Pierre Bustany , Jean-Pol TASSIN
entrée payante
18/19 janvier 2017
Lycée Georges-de-la-Tour de Metz et Eglise Saint Maximin
Ces journées sont organisées par l’Association « A temps et à contretemps », en partenariat avec le Bureau des Étudiants du lycée Georges de la Tour de Metz, et l'Association Recherches Mimétiques, sous la direction de Martin Steffens et de Marie Girard.
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Pourquoi un tel événement ?
Pour l’année scolaire 2016-2017, les promotions des classes préparatoires littéraires et commerciales souhaitent organiser un séminaire sur la pensée de René Girard et réfléchir sur le thème de la violence, sujet d’étude cher à cet intellectuel. Ce projet vise à faire connaître la pensée de ce philosophe disparu en novembre 2015, non seulement auprès d’un public étudiant et lycéen, mais aussi auprès d’un public sensible aux défis de nos sociétés. René Girard nous a quittés au mois de novembre 2015 quelques jours avant les attentats qui ont frappé la France. Il nous apparaît que les clés intellectuelles qu’il nous a léguées, peuvent nous aider à penser, avec pertinence et sagesse, les événements dramatiques auxquels nous assistons. Il s’agira en l’occurrence d’examiner le mécanisme de la violence et du phénomène religieux d’un point de vue aussi bien anthropologique que philosophique.
L’organisation de cet événement poursuit un triple objectif :
permettre aux élèves de classe préparatoire de section littéraire et de section économique de se former à organiser un colloque de haut niveau intellectuel,
renforcer leur culture générale en lien avec leur programme d’étude, participer au rayonnement de la vie intellectuelle et culturelle messine à travers l’action de ses étudiants.
vendredi 13 et samedi 14 janvier 2017 Quel type d’événement ?
Un événement qui a pour ambition de conjuguer une dimension intellectuelle et artistique et qui s’articulera autour de :
cinq conférences se déroulant sur deux demi-journées.
un concert de musique classique dont le programme sera en lien avec le sujet du colloque. Un colloque : « La violence, à la lumière de la pensée de René Girard »
Il s’agit de réunir sur deux jours des intellectuels, chercheurs dans les institutions françaises les plus prestigieuses : Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), Centre de Recherche en Épistémologie Appliquée (CREA) de l’École Polytechnique. Dans l’idée de contribuer au dynamisme intellectuel de la ville de Metz, seront associés des intellectuels messins. Benoît Chantre – Docteur-ès-lettre et éditeur de sciences humaines. Benoît Chantre est fellow de la fondation Imitatio (San Francisco), membre associé du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine (CIEPFC, Rue d’Ulm), et président de l’Association Recherches Mimétiques dont le but est de promouvoir la pensée de René Girard. Il a étroitement collaboré avec René Girard à l’écriture de son dernier livre Achever Clausewitz. François Doumazane – Agrégé de lettres. Professeur en classe préparatoires économiques et en Première Supérieure au lycée Georges de La Tour de Metz. Olivier Rey – Polytechnicien, mathématicien et philosophe. Olivier Rey est chercheur à la section philosophique du CNRS. Son livre Question de taille a été primé par le Prix Bristol des lumières 2014 et le Grand Prix de la Fondation Prince Louis de Polignac 2015 lui fut décerné pour l’ensemble de son œuvre. Robert Scholtus – Ecrivain, prêtre du diocèse de Metz, ancien supérieur du séminaire des Carmes à Paris. Lucien Scubla – Agrégé de philosophie et docteur en anthropologie, membre depuis 1982 du Centre de recherche en Epistémologie Appliquée (CREA) de l’École Polytechnique. Il travaille principalement sur les modèles formels de l’anthropologie, sur le sacré, le religieux et les fondements rituels des sociétés humaines. Dans ce cadre, il développe des conceptions de René Girard et du mathématicien René Thom, connu pour sa théorie des catastrophes.
Un concert : « L’année 1806 : René Girard, penseur du romantisme »
René Girard, comme critique littéraire, anthropologue puis philosophe, a toujours ancré son travail dans l’étude des plus grandes œuvres littéraires et musicales. Il a élaboré à travers cette étude la notion de désir mimétique. Il porte ainsi un éclairage original sur l’émergence du romantisme allemand à la fin du XVIIème siècle et au début du XIXème siècle. Haine de la France pour avoir trahi l’idéal des Lumières, détestation mêlée de vénération pour Napoléon, remise en cause plus fondamentale du rationalisme de la Révolution française, sont autant de courants contradictoires qui constituent de soubassement à la fabuleuse histoire artistique du XIXème siècle allemand. Ainsi, la première décennie du XIXème siècle constitue en Allemagne, à la manière d’une réplique du séisme de la révolution française, une période de rupture entre le classicisme allemand illustré par Goethe en littérature et Haydn en musique, avec le romantisme allemand dont Hölderlin en littérature et Beethoven en musique sont les dignes représentants. Pour toutes ces raisons, l’année 1806 constitue l’un de ces ébranlements majeurs qui modèlent le visage de la modernité. En 1806, Napoléon culbute les armées prussiennes à Iéna. Côté français, six mille morts, côté prussiens, douze mille morts, quatorze mille prisonniers. De cette défaite, va naître la nation allemande, et cela en prenant la France comme modèle et de manière paradoxale pour se venger d’elle. 1806 : Beethoven perd sa place auprès du Prince Lichnowski pour avoir refusé de jouer du piano devant des officiers français. En cela, il se fait le chantre le plus authentique de la pensée des Lumières françaises en écrivant au prince : « Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven. » Deux ans plus tôt, en apprenant la proclamation de l’empire français, il avait raturé la dédicace de sa troisième symphonie remplaçant Buonaparte par Grande symphonie Héroïque pour célébrer le souvenir d’un grand homme, voyant en Bonaparte devenu Napoléon, le renégat des idéaux de la Révolution française. Quelque temps plus tard, à Iéna, Hegel voit Napoléon passer sous ses fenêtres et déclare : « J’ai vu l’Esprit du monde passé sur un cheval. »
Ce concert a pour but d’illustrer et de comprendre la pensée de René Girard sur cette période à travers de grandes œuvres de musique de chambre. Quatuor Girard – Hugues Girard : Violon Agathe Girard : Violon Odon Girard : Alto Lucie Girard : Violoncelle
Formé par le Quatuor Ysaÿe à Paris puis à la HEM de Genève, le Quatuor Girard, constitué au sein d'une fratrie, devient lauréat du Concours de Genève en novembre 2011. Le quatuor a remporté en 2010 le Prix Académie Maurice Ravel à Saint-Jean-de-Luz. Il est en 2011 lauréat de la Fondation Banque Populaire et lauréat HSBC de l'Académie du Festival d'Aix-en-Provence. Grâce à l'ECMA, à l'Académie musicale de Villecroze, à l'Académie d'Aix-en-Provence et à Proquartet, le quatuor a également été marqué par la rencontre de très grands artistes (Quatuors Alban Berg, Arditti, Artemis, Artis, Keller, Talich et Alfred Brendel, Jean-François Heisser, JeanGuihen Queyras). Invités de lieux prestigieux en France -Musée d'Orsay, Théâtre du Châtelet, La Folle Journée de Nantes, La Grange de Meslay, Soirées et Matinées musicales d'Arles, festival de Deauville, Pablo Casals de Prades, Journées Ravel de Montfort l'Amaury- le quatuor est aussi demandé à l'étranger (Angleterre, Suisse, Maroc, Japon, Russie). Le Quatuor Girard joue avec des musiciens de renom tels que Philippe Bernold, Miguel da Silva, Henri Demarquette, Jean-Claude Pennetier, Raphaël Pidoux, François Salque, Dame Felicity Lott... Son premier album (Discophiles français) a été primé par la critique (Choix de France Musique, Qobuzissime). Il a également travaillé en collaboration avec Martin Steffens, pour l’interprétation des sept paroles du Christ en Croix de Joseph Haydn. En février 2016, ils ont rendu hommage à leur grand-oncle René Girard en interprétant cette œuvre avec Michel Serres comme récitant en l’église Saint Germain des Près à Paris.
Le Quatuor Girard est en résidence à la Fondation Singer-Polignac.
Organisation complète
Vendredi 13 janvier 2017 14 h – 14h30 : ouverture du séminaire et 1ère conférence Robert Scholtus, écrivain. 14h30 – 15h30 : 2ème conférence François Doumazane, professeur agrégé de lettres. 15h45 – 17h15 : 3ème conférence Lucien Scubla, philosophe et anthropologue, Centre de Recherche en Épistémologie Appliquée (CREA) de l’École Polytechnique. 20 heures : Concert à l’Eglise Saint Maximin L’ANNÉE 1806 René Girard, penseur du romantisme allemand Quatuor Op 76 N°3 « L’Empereur » Joseph Haydn Quatuor Op 41 N°3 Robert Schumann Quatuor Op 59 N°3 « Razoumowsky » Ludwig Van Beethoven Samedi 14 Janvier 9h – 10h: 4ème conférence Olivier Rey, mathématicien et philosophe, Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) 10h – 11h : 5ème conférence Benoît Chantre, philosophe, essayiste, président de l’association Recherches Mimétiques (ARM) 11h15 – 12h : Table ronde Benoît Chantre, François Doumazane, Olivier Rey, Robert Scholtus, Lucien Scubla.
LES ORGANISATEURS
Martin STEFFENS Professeur de philosophie en classe préparatoire littéraire au lycée Georges de la Tour à Metz. Il est l’auteur d’études, de conférences et d’articles sur Nietzsche, Simone Weil, Léon Chestov et René Descartes. Il a publié plusieurs essais remarqués, Le petit traité de la joie (Salvator, 2011), La vie en bleu (Marabout, 2013), Vivre, Croire et Aimer (Marabout 2015).
Marie GIRARD Professeur de mathématiques en classe préparatoire économique et commerciale au lycée Georges de la Tour à Metz. tel : 06 75 68 54 12 mail : marie-anne.girard@laposte.net Les classes préparatoires économiques et commerciales du lycée Georges de la Tour de Metz Les classes préparatoires littéraires du lycée Georges de la Tour de Metz L’association « A temps et à contretemps » Elle a pour vocation d’inciter les étudiants de classe préparatoire du lycée Georges de la Tour à organiser des carrefours de réflexion sur des intellectuels contemporains dont la pensée est en lien avec leur thème d’étude.
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