Colloque du Samedi 6 mai 2017 2017 à l'Institut catholique de Paris, dirigé par Benoît Chantre et Camille Riquier.
INTERVENANTS
James Alison, Benoît Chantre, Michel Corbin, Jean-Pierre Dupuy, Bernard Perret, Camille Riquier, Jean-Claude Monod, Jean-Louis Schlegel, Michel Serres de l'Académie française.
PROGRAMME
Matinée
Jean-Pierre Dupuy Face à la catastrophe
Bernard Perret Écologie, institutions et mimesis
Benoît Chantre Terrorisme et démocratie
Camille Riquier « La loi de double frénésie »
Après-midi
James Alison René Girard et la vertu théologale de l’espérance
Michel Serres Les trois sacrifices
Michel Corbin Grégoire de Nysse et la nature sans mélange du Bien
Table-ronde conclusive animée par Jean-Louis Schlegel : Quels prophètes aujourd’hui ?
Participants : Camille Riquier, Jean-Claude Monod, Bernard Perret.
Jean-Pierre Dupuy, polytechnicien et ingénieur des mines, est professeur émérite de philosophie sociale et politique à l'Ecole Polytechnique, Paris et professeur à l’Université Stanford. Il a fondé le CREA (Centre de recherche en épistémologie appliquée) et enseigné longtemps à l’Ecole polytechnique la philosophie sociale et politique et l’éthique des sciences et des techniques. Il est président du Comité d'Éthique et de Déontologie de l'Institut français de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire.
Jean-Pierre Dupuy est l’auteur de très nombreux ouvrages, parmi lesquels : "L’enfer des choses. René Girard et la logique de l’économie" (avec Paul Dumouchel, 1979) ; "La panique" (1991) ; "Le sacrifice et l’envie" (1994) ; "Pour un catastrophisme éclairé" (2004), "Petite métaphysique des tsunamis" (2005)," La Marque du sacré" (2009), et dernièrement "La jalousie : Une géométrie du désir "(2016).
« Face à la violence du djihadisme, il devient urgent de s’interroger sur le devenir de nos démocraties, notamment dans leur rapport à la religion. On repart ici de la genèse du sacré proposée par René Girard, à qui l’on doit la découverte du rôle structurant d’un certain type de violence à la racine du politique. Si le religieux archaïque était de la violence contenue par des rituels et des prohibitions, la violence djihadiste est, elle, un mixte de nihilisme et de religieux décomposé. Relisant Clausewitz, Girard a proposé d’appeler « montée aux extrêmes » ce processus aveugle, qui rend plus complexe et plus précaire le fonctionnement de nos démocraties. Comprendre ce phénomène, avec toutes les ressources de l’anthropologie religieuse, et de l’anthropologie mimétique en particulier, permettrait de donner une réponse politique – et non une réponse religieuse – aux désordres politico-religieux qui nous menacent. »
Benoît Chantre est éditeur et écrivain, fellow de la fondation Imitatio et président de l’Association Recherches Mimétiques. Auteur de plusieurs livres d’entretiens et d’un essai sur Charles Péguy (Péguy point final, Editions du Félin, 2014), il a publié, en octobre 2016, Les Derniers Jours de René Girard (Grasset).
Dans cette conférence, Camille Riquier met en parallèle « la loi de double frénésie » d’Henri Bergson avec le concept de « montée aux extrêmes » développé par René Girard dans « Achever Clausewitz ». Le paradoxe est que c’est au moment où la guerre abstraite et totale entre dans la réalité que s’émousse le sentiment d’apocalypse ; c’est au moment où la catastrophe apocalyptique est prévisible, que nous n’avons plus peur. Camille Riquier analyse l’accélération des désinhibitions des sociétés modernes face aux dangers du progrès, que seul un « retour à la vie simple » pourrait freiner.
Camille Riquier, agrégé et docteur en philosophie, est vice doyen du département de philosophie de l’Institut catholique de Paris. Il a notamment écrit « Archéologie de Bergson », coll. « Epiméthée », PUF, 2009 et « Philosophie de Péguy », PUF, 2017. Camille Riquier est à l’initiative de ce colloque à l’ICP, qu’il a dirigé avec Benoît Chantre et Bernard Perret.
Comment concilier la perspective apocalyptique de René Girard avec l’espérance chrétienne ? Pour James Alison, l’espérance ne doit pas être confondue avec un vœu pieux, ni avec une vision optimiste de l’avenir. Pour la théologie chrétienne, c’est une « vertu théologale », c’est à dire une « disposition stable pour le bien» induite en nous par Dieu. En tant que vertu, l’espérance est la disposition stable à accueillir l’avenir comme une plénitude qui vient vers nous. Et cette disposition, parce qu’elle a été induite par la Passion et la Résurrection du Christ, victime innocente et pardonnante, peut transformer notre rapport aux autres et nous permettre de vivre de manière plus créative.
James Alison est prêtre catholique anglais, théologien et écrivain. Il est fellow de la Fondation Imitatio et responsable du Département éducation de cette fondation. Il est reconnu pour ses travaux sur les applications de la théorie mimétique à la théologie. Il a étudié chez les Dominicains à Oxford. Il est diplômé de la Faculté de Théologie Jésuite (FAJE) de Belo Horizonte. Il est l’auteur de nombreux ouvrages en anglais, dont plusieurs ont déjà été traduits en différentes langues., dont « Le Péché originel à la lumière de la Résurrection », Préface de René Girard, Paris, éd. du Cerf, 2009, (Original anglais : The Joy of Being Wrong, 1998) et « Douze leçons sur le christianisme », ed DDB, 2016.