(sous la direction de Bernard Perret, avec Olivier Abel, Christian Arnsperger, Bernard Perret,
Nicolas Bouleau, Dominique Bourg, Jean-Pierre Dupuy, Michael Foessel, Dominique Meda, Alain Papaux)
La Planète va mal et le développement durable apparaît de plus en plus comme une chimère. Les négociations internationales sur le climat sont au point mort et il apparaît de plus en plus qu'un processus classique de marchandage sur la base d'intérêts contradictoires a peu de chances d'aboutir à des décisions suffisamment radicales. Au sein même de chaque pays, les remises en cause à opérer dans les modes de vie et l'organisation sociale sont d'une telle ampleur que seules un fort sentiment d'urgence pourrait les rendre acceptables. À elle seule, la raison économique est incapable de susciter les transformations nécessaires dans les comportements et les logiques d'action. Les seuls scénarios d'avenir crédibles sont ceux qui intègrent des ruptures dans l'orientation du développement économique sous l'effet de catastrophes qui, selon toute vraisemblance, ne manqueront de survenir d'ici la fin du présent siècle.
Face un tel constat, nombreux sont ceux qui pensent que le combat mondial contre les périls écologiques – au premier rang desquels le changement climatique – relève d'une logique de guerre, tant il semble impliquer un degré de mobilisation collective qui n'a été observé qu'à l'occasion des guerres modernes. Pour naturelle qu'elle paraisse, la métaphore guerrière est cependant problématique, car elle met en jeu la violence comme ressort central de l'action. Jusqu'ici, en effet, les hommes ont eu besoin d'ennemis ou de victimes émissaires pour transcender leurs intérêts individuels et unir leurs énergies en vue d'un même but. Or, la violence à grande échelle n'est plus seulement moralement inacceptable : c'est désormais une option suicidaire.
La guerre qu'il faut préparer est d'un autre type. Il ne s''agit plus de détruire et tuer mais de s'unir pour sauver ce qui nous est commun afin de rendre possible la poursuite de l'aventure humaine. Quels pourraient être les ressorts anthropologiques et les fondements éthiques d'une telle mobilisation ?
Une fois reconnu le caractère imprescriptible de nos responsabilités à l'égard de l'humanité présente et future, la réponse est à chercher dans une nouvelle compréhension de l'action humaine. Celle-ci n'est pas uniquement régie par la logique de l'accaparement, de la rivalité et de la violence ; elle est habitée par le projet de faire advenir un monde commun vivable et durable qui transcende nos destins individuels. L'émergence de nouvelles problématiques philosophiques autour du Care et de l'éthique de la vulnérabilité peut-être vue comme le signe précurseur d'une révolution des valeurs sous-tendue par une conscience plus aiguë de la fragilité de l'humain. Pour prendre pleinement corps, ce changement devra s'inscrire dans un projet politique et dans un horizon de sens. Pour la première fois dans son histoire, l'humanité doit créer consciemment et en peu d'années les conditions de changements anthropologiques et spirituels qui rendront possibles de nouvelles formes d'existence et d'action collective.
Matin
9h15 – Introduction Bernard PERRET
I – La catastrophe écologique : apocalypse ou accident de parcours ?
9h30– 10 h : Jean-Pierre DUPUY : Limites de la pensée stratégique, défense du catastrophisme éclairé.
10h-10h30 : Olivier ABEL : La crise écologique, un « éboulement » de la civilisation
10h30 – 11h : débat avec la salle
11h15 – 11h30 Pause
II- Transition, rupture civilisationnelle ou conversion ?
11h15 - 11h45 : Dominique BOURG et Alain PAPAUX : Se préparer à faire face aux conséquences sociales (morales, politiques, juridiques, spirituelles et métaphysiques) de la dégradation de la biosphère
11h 45 – 12h15 :Christian ARNSPERGER : Transition écologique, déni des finitudes et renouvellement de la rationalité : Vers une économie écologique existentielle.
12h15 – 13h : débat avec la salle
Après-midi
III – Nouveaux jalons pour l'action humaine
14h15 – 14h45 : Nicolas BOULEAU : Face à la crise climatique, sortir de l'imaginaire économique
14h45 - 15h15 : Dominique MEDA : Prendre soin du monde (Le soin comme nouveau paradigme de l'activité humaine).
15h15– 15h45 : Bernard PERRET : Les ressources d'une Raison revisitée
15h45 – 16h15 : débat avec la salle
16h15– 16h30 Pause
IV – Le Principe Responsabilité en débat
16h30 – 17h : Michael FOESSEL : la démocratie au risque de l'écologie
17h – 17h15 : Réponse de Dominique BOURG
17h15 – 17h30 débat avec la salle
Enregistrement
Présentation des intervenants
Olivier Abel est philosophe, professeur à la faculté de théologie protestante de Paris. Auteur de nombreux essais, il est notamment coresponsable du Fonds Ricoeur Dernier ouvrage paru,Le Oui de Paul Ricoeur (Ed. Les petits platons, avec Eunhwa Lee).
Christian Arnsperger est économiste, maître de recherche au Fonds national belge de la Recherche scientifique et professeur à l’Université de Louvain, rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Dernier ouvrage paru : Ethique de l’existence post-capitaliste(2009).
Nicolas Bouleau est mathématicien, spécialiste des risques financiers, Professeur à l'Ecole nationale des ponts et chaussées. Auteur de plusieurs essais et ouvrages scientifiques, il est lauréat du prix Montyon de l'Académie des sciences.
Dominique Bourg est philosophe, professeur à l'Université de Lausanne et membre du comité stratégique de la Fondation Nicolas Hulot. Il est notamment l'auteur de Vers une démocratie écologique : Le citoyen, le savant et le politique (Seuil 2010, avec Kerry Whiteside).
Jean-Pierre Dupuy est philosophe, professeur émérite à l'Ecole Polytechnique et professeur à l'université Stanford. Dernier ouvrage paru, L'Avenir de l'économie : Sortir de l'écomystification(Flammarion 2012)
Michael Foessel est philosophe, professeur des universités à l'Ecole pratique des hautes études, spécialiste de philosophie morale et de philosophie politique. Dernier ouvrage paruAprès la fin du monde (Seuil, octobre 2012).
Dominique Méda est philosophe et sociologue, titulaire de la chaire « Reconversion écologique, travail, emploi, développement durable » au Collège des études mondiales (Fondation Maison des sciences de l'homme). Elle a notamment publié Au-delà du PIB. Pour une autre richesse(Flammarion, 2008).
Alain Papaux est professeur de méthodologie juridique et de philosophie du droit à l'Université de Lausanne et professeur d'épistémologie juridique à l'Académie européenne de théorie du droit, à Bruxelles. Il a notamment co-dirigé avec Dominique Bourg l'ouvrage collectif Sobriété volontaire : En quête de nouveaux modes de vie (Labor et Fides 2012)
Bernard Perret est ingénieur, socio-économiste et essayiste. Dernier ouvrage paru : Pour une raison écologique (Flammarion 2011).