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Evénements

La Cène et la Croix

 

L’eucharistie vue par les philosophes

René Girard et Pierre Gardeil 

 

 

 

Samedi 12 octobre de 9h à 20h00

 

Ensemble paroissial du Christ-Roi

Salle Pierre et Paul

26 rue de l'Aude 31500 Toulouse 

 

 

Conférences et temps musicaux, 

organisés par l'Association Recherches mimétiques, en partenariat avec Radio Présence et Passeur d'espérance

 

 

INSCRIPTION SUR EVENTBRITE

 

 

La vision anthropologique de René Girard repose sur deux idées fondamentales : d’une part, la prévalence du mimétisme dans le comportement humain ; de l’autre, le phénomène du bouc émissaire pour surmonter les crises collectives. Dans ce phénomène, Girard détecte l’origine de tous les ordres sociaux, de la religion jusqu’à la culture. Mais il voit ultimement dans la « révélation judéo-chrétienne » le moment où la violence et l’injustice du « mécanisme victimaire » sont dévoilés par la Passion du Christ. En ce sens, l’œuvre de Girard est une apologie du christianisme.

 

Curieusement, sa conversion n’est pas allée de pair avec une description plus précise des rituels chrétiens, et tout particulièrement du plus central d’entre eux, qui est le repas eucharistique. Des anthropologues ou des théologiens ont ainsi pu lui reprocher de ne pas avoir insisté suffisamment sur la dimension communielle de la pratique chrétienne. Dans une perspective comparable, on se réfère ici à l’un des lecteurs critiques et néanmoins enthousiaste de Girard, le philosophe et ami de Michel Serres, Pierre Gardeil, qui aura très vite repéré ce vide au cœur de la théorie girardienne.

 

La présente rencontre, organisée par l'Association "Les amis de Pierre Gradeil" et par Jean-Louis Salasc, membre du CA de l’Association Recherches Mimétiques, entend poser un jalon dans cette réflexion. Rappelons que, préfacier du livre de Pierre Gardeil, Quinze regards sur le corps livré, et lecteur assidu de Jacques Maritain, René Girard aura toujours défendu, en dialoguant avec Raymund Schwager ou Michel Corbin, plus récemment avec Wolfgang Palaver ou James Alison, la pleine orthodoxie de sa pensée. Cette conviction est partagée par ceux qui prendront part à cette journée, par ailleurs enrichie de moments musicaux et d’une réflexion conclusive sur la représentation de l’eucharistie dans l’art occidental.

 

 

 

 

PROGRAMME

 

9h          Accueil

 

9h30      Présentation de la journée et des conférenciers

 

9h40      La théorie mimétique, par Benoît Chantre

 

10h20    René Girard, le christianisme et l’eucharistie, par James Alison

 

11h        Pause musicale en salle

 

11h20   Qui est Pierre Gardeil, par plusieurs proches

 

12h        Déjeuner sur site

 

13h        Répétition du concert (ouverte)

 

13h30    Sacrifice et eucharistie, par fr. David-Marc d’Hamonville

 

14h10    Ce que Pierre Gardeil apporte à la compréhension de l’eucharistie, débat avec James Alison, Benoît Chantre et fr. d’Hamonville

 

15h20    Pause musicale en salle

 

16h        Girard, Maritain et l’eucharistie, par Claire Bressolette

 

16h40    Pause-café

 

17h10    La réelle présence : de l’image à l’eucharistie, par Jean Nayrolles

 

17h50    Table-ronde avec tous les conférenciers, bilan et questions/réponses

 

18h45    Concert à l’église

 

19h30      Buffet de l’amitié

 

NB : librairie ouverte entre les conférences

 

 

 

CONCERT ET INTERLUDES MUSICAUX

 

Chant grégorien

Trois antiennes "O" de l' Avent de M.A. Charpentier 

Polyphonies de Victoria, Duruflé, Poulenc

Création de Jean Louis Salasc

Chorals de J.S. Bach

 

Programme complet à venir

 

 

 

CONDITIONS D'ENTREE

 

Une participation financière de 27 euros est demandée aux participants. Elle comprend l'accès aux conférences et au concert de clôture, ainsi que les collations (le déjeuner, le buffet de l'amitié et les pauses café- boisson pendant tout le colloque).

Gratuit pour les étudiants. 

 

 

Affiche La Cène et la Croix

 


                             Affiche Tinder

 

 

« Tinder », les feux de l’envie, et des images : la fin de l’amour selon René Girard

Conférence de  Pierre Azou

 

Mercredi 11 septembre à 19h00

 

Autour du phénomène des applications de rencontre, une lecture girardienne de la crise amoureuse décrite par la sociologue Eva Illouz dans La Fin de l’amour (2019)

 

 

« L’œuvre romantique met en circulation un ensemble de symboles et d’images destinés non pas à la communion mais à la séparation universelle », écrivait René Girard en 1961 dans Mensonge romantique et vérité romanesque. 

 

Et si les applications de rencontre (comme « Tinder ») étaient l’œuvre romantique de notre temps — écrite en continu, et collectivement, par leurs millions d’utilisateurs ? En « mettant en circulation » ces « symboles » et ces « images » que sont les profils de ces utilisateurs à la recherche de relations amoureuses, contribueraient-elles paradoxalement à les « séparer » toujours plus ?

 

C’est l’idée que je voudrais défendre dans cette communication, en faisant se « rencontrer » René Girard et la sociologue contemporaine Éva Illouz — chacun complétant, et enrichissant, les analyses de l’autre.

 

Ainsi, d’un côté, nous pouvons mieux comprendre la crise des relations amoureuses décrite par Illouz dans La Fin de l’amour (2019) si nous y reconnaissons avec Girard une forme nouvelle de « crise mimétique » ; en retour, le cadre d’analyse d’Illouz — celui du marché libéral, et du développement du capitalisme — nous permet, dans la continuité des travaux de Jean-Pierre Dupuy (Le Sacrifice et l’Envie, 1994) de préciser la théorie de Girard sur un point essentiel : en distinguant, là où il tend à les confondre, « l’envie » et le « désir ». 

 

Plus que le désir, l’envie est liée au regard. L’étymologie nous le signale : « in-vidia », de « videre », « voir » — avec une ambiguïté autour du du préfixe « -in », qui peut avoir un sens privatif, ou signifier « vers, sur ». Avec Girard et Illouz, nous comprenons que les deux significations sont indissociables. L’envieux, c’est celui qui ne voit pas son propre être, parce que, pour le trouver, il tourne son regard vers les autres. C’est celui pour qui l’autre, et l’être, n'est jamais qu’une image inatteignable.

 

Si la tendance à la « séparation universelle » se lit particulièrement clairement sur les applications de rencontre, c’est donc à la lumière des « feux de l’envie » (pour reprendre le titre de l’ouvrage que Girard a consacré à Shakespeare en 1990, Shakespeare, les feux de l’envie) :

dans la mesure où, par leur mode de fonctionnement, elles favorisent — ou procèdent de — notre « devenir-image ». 

 

 

 

Bio :

 

Pierre Azou est doctorant en littérature française à Princeton University (USA). Sa thèse porte sur la relation entre l’écrivain et la figure du terroriste dans le roman et l’essai contemporains : relation d’opposition, mais où entre aussi une certaine fascination. Relation paradoxale, sujette à renversements — relation « mimétique » donc, si l’on en revient à l’origine des théories de René Girard : la littérature. C’est dans cette perspective que Pierre Azou s’efforce aussi de lire le contemporain, des dynamiques politiques (par exemple : « Emmanuel Macron et Éric Zemmour entre roman et politique : parcours croisé », Modern & Contemporary France, Janvier 2024) aux développements technologiques (par exemple : « Chat G.P.T. : G pour Girard », L’Emissaire, Septembre 2023).

 

 

 


La justice en question :

Les conséquences de la révélation des structures violentes du monde. 

 

"La question de l’inceste qui a émergé depuis peu dévoile un monde cauchemardesque, résumé par un chiffre : 10% des adultes ont été victimes d’abus sexuels pendant leur enfance. En France, cela représente trois millions de victimes, pour la plupart invisibles. S’il y a des incestés, il y a des incesteurs. L’anthropologue Dorothée Dussy pose implicitement la question d’une réponse pénale adaptée : allons-nous mettre en prison 10% de la population ? Que faire des « complices », celles et ceux qui savaient et ont laissé faire ? La crise de la révélation prédite par René Girard entre dans sa phase explosive et ébranle, entre autres conséquences, jusqu’aux fondations de la justice. Elle nous oblige à une remise en question fondamentale qui dépasse largement le cadre de la loi."

Hervé van Baren

 

Conférence de Hervé van Baren

7 mars 2024

 

 

 

 

 

 

Hervé van Baren compte parmi les contributeurs du blog émissaire de l'ARM. Ingénieur, il a fait sa carrière dans l’aéronautique avant de découvrir il y a une douzaine d’années la non-violence active et l’œuvre de René Girard. Passionné par l’exégèse biblique anthropologique, il est actif dans le milieu associatif en Belgique. 

 

Hervé van Baren propose actuellement un cycle de conférences "Bible et violence", qui s'appuient sur la pensée de René Girard, pour donner sens à la violence dans la Bible..

 

 

 

 

 


"La libération de la parole des victimes : un défi pour la justice."

 

 

 

 

Entretien entre Denis Salas et Hervé van Baren, autour du livre Le Déni du viol - Essai de justice narrative de Denis Salas

 

Modérateur : Benoît Chantre

 

 

Après la conférence de Hervé Van Baren organisée le 7 mars au Forum 104 par l'ARM, "La justice en question : les conséquences de la révélation des structures violentes du monde", sur le thème de l'inceste, nous vous proposons un débat autour du dernier livre de Denis Salas, Le Déni du viol - Essai de justice narrative (Michalon, 2023).

 

Denis Salas est magistrat et essayiste. Après avoir exercé en juridiction, il est actuellement secrétaire général de l'Association française pour l'histoire de la justice (AFHJ) et directeur scientifique des Cahiers de la justice.

 

 

 

 

Deni du viol Salas  Classement des plaintes, stéréotypes sexistes, condamnations dérisoires... Jamais la justice n'a autant été apostrophée, voire rejetée depuis le mouvement #MeToo lancé par l'affaire Weinstein en 2017. Pour comprendre une telle contestation, cet essai cherche à mesurer l'ampleur du déni du viol qui imprègne la société et ses institutions. La honte de la victime, le mutisme de l'agresseur, le silence de l'entourage et l'évitement de la loi forment un mur de dénégations que rien ne semble pouvoir entamer.

Comment percer le mystère d'un crime enfoui dans le silence et l'oubli ? Et comment s'y attèle la justice ? Sa tâche, affirme Denis Salas, ne peut être vraiment saisie qu'à partir d'une approche narrative. Son travail de dévoilement est rendu sensible au plus près des récits singuliers et leurs parcours brisés. Sa recherche de la vérité est mieux comprise. Son oeuvre réparatrice devient visible.

Un essai sur le dialogue nécessaire entre l'expérience de la violence intime et la mission de la justice.

 

 

 


"La République et le sacré"​ : Penser la laïcité avec René Girard

 

14 juin 2024

 

Conférence-débat avec Bruno Perren 

Modératrice : Christine Orsini

 

 

 

 

 

 

 

La laïcité sépare le politique du religieux. Mais la République laïque, pour autant, en a-t-elle réellement fini avec le sacré ? Si l’on considère la « religion » dans son sens restreint de croyance dans les monothéismes révélés (judaïsme, christianisme, islam), on peut dire de la République, eu égard à ces trois confessions, qu’elle adopte un positionnement neutre.

 

Mais dès lors qu’on envisage la « religion » dans les termes autrement stimulants de Durkheim – qui la définit comme la séparation des mondes sacré et profane –, la neutralité religieuse de la République, au sens où elle n’aurait plus rien à faire avec le sacré, pour le moins, interroge, quand elle n’est pas, tout bonnement, sujette à caution. Le processus de « sécularisation », dont nous sommes les lointains héritiers, a commencé avec la naissance de la philosophie, s’est poursuivi au Siècle des Lumières et semble s’accentuer inexorablement aujourd’hui. Il consiste, pour une bonne part, dans l’oubli, conscient ou non, du rôle fondateur de la barrière sacré/profane.

 

Selon René Girard, en effet, la séparation sacré/profane a pour fonction essentielle de distinguer la bonne violence, celle qui est légitime en ce qu’elle dit le dernier mot d’un litige, de la mauvaise violence, qui enclenche un cycle interminable de vengeances. Or, en République, c’est l’État qui détient le monopole de la violence légitime, de la même manière que, dans le contexte des religions sacrificielles, c’était les dieux qui en étaient détenteurs. Officiellement indemne de toute pratique religieuse, la République perpétue pourtant, sous des formes atténuées, les deux types de sacrifice que la Bible mentionne en ouverture de la Genèse : le sacrifice d’objet (interdiction de toucher à), dont traite l’histoire d’Adam et Ève ; et le sacrifice violent (élimination du rival), dont traite l’histoire d’Abel et Caïn.

 

Le sacrifice violent est toujours à l’œuvre dans les expressions contemporaines de confrontation guerrière tandis que le sacrifice d’objet, lui, se dissimule derrière le processus de marchandisation généralisée qui a cours aujourd’hui. La séparation du politique et du religieux qui définit notre laïcité n’a de sens que dans un univers culturel « de type chrétien ». Avec le temps, en effet, le religieux selon Durkheim s’est séparé en deux branches désormais distinctes : le « politique » a hérité de la violence légitime au moment où le religieux « de type chrétien » y a clairement renoncé. Toute réflexion sur la laïcité oblige à préciser de quelle religion on parle.

 

 

Auteur-compositeur-interprète, Bruno Perren vit de la chanson dans tous les sens du verbe vivre. Durant toute sa carrière de chanteur, il est resté étudiant autodidacte en sciences humaines. La pensée de René Girard a joué dans ses recherches un rôle déterminant. Il termine en ce moment la rédaction d’un ouvrage « La République et le sacré » en vue d’une éventuelle publication. http://brunoperren.unblog.fr/biographie/

 

 

 

 

 

 

 

 


Un livre, une conférence

 

Capture d’écran 2022-11-25 à 10.36.07  René Girard ou le cri du prophète

de Jacques Leroy-Berger

paru aux éditions L’Harmattan,

 

Mercredi 7 décembre 2023, à 19h, par zoom

 

 

Le principal apport de René Girard à la théologie est d'avoir contribué à débloquer une situation qui paraissait sans issue : celle d'une doctrine de la Rédemption présentant un Dieu qui réclamerait le sacrifice de son fils pour effacer la tâche originelle et « calmer son courroux », comme le dit si bien le chant du Minuit chrétien.

 

La question se pose toutefois de savoir si la thèse de Girard peut s'inscrire dans la tradition de la foi chrétienne bien qu'elle paraisse s'opposer à une conception transmise à des générations de chrétiens. Pour répondre à cette question, il suffit de mesurer la fécondité théologique de la thèse girardienne, reçue comme source d'inspiration par de nombreux théologiens de toutes confessions chrétiennes.

 

Le livre de Jacques Leroy donne un aperçu de cette fécondité à partir de l'analyse des travaux de douze théologiens parmi les plus représentatifs du courant girardien. Plus que d'une suite de comptes rendus, il s'agit d'une synthèse raisonnée qui permet à l'auteur de faire valoir sa propre lecture des implications de l' œuvre de René Girard pour le christianisme.

 

Jacques Leroy : Docteur en philosophie

Samir Arbache :Professeur en théologie et histoire des religions, docteur en philosophie et lettres : études sur le monde arabe – Université Catholique de Lille.

Bernard Perret : Essayiste, ARM.

 

Extrait du livre - Table des matières

 

 

 


​La Chine et ses démons. Aux sources du sino-totalitarisme

d’Emmanuel Dubois de Prisque,

paruaux éditions Odile Jacob

 

Samedi 17 décembre à 15h30

Discussion avec Emmanuel Dubois de Prisque, Jean-louis Salasc et Benoît Chantre

 

 

Capture d’écran 2022-11-25 à 10.55.34

Le régime communiste chinois n'hésite plus guère à se réclamer de la longue tradition culturelle et civilisationnelle de l'Empire. Dans le même temps, il s'efforce d'effacer la marque occidentale et chrétienne, par le truchement de sa politique de « sinisation des religions »,du corps sociopolitique chinois. Est-il possible de prendre cette prétention au sérieux ? Peut-on mettre en lumière une continuité entre la gouvernance politico-religieuse de l'Empire et la gouvernance « scientifique » du Parti communiste aujourd'hui ? Ces deux gouvernances sont-elles unies par une économie de la violence que la théorie mimétique de René Girard permettrait de comprendre ?La force apparente du système sacrificiel chinois lance-t-elle un défi de plus à un Occident sous les feux d'une critique quasi-universelle?

 

Cette conférence sera précédée à 14h30 par l'AG de l'ARM.

 

>> Extraits du livre

 

>>> INSCRIPTION

 

 

 

PARUTIONS

 

 

Girard et quelques autres...

 

Ce cycle, organisé par Jean-Marc Bourdin,  coïncide avec la publication prévue en 2022 du premier volume d’un ouvrage collectif aux Editions Michigan State University Press, réalisé sous la direction de George Dunn et Andreas Wilmes, intitulé René Girard and the Occidental Philosophy. 

Ce cycle renoue, selon cette nouvelle formule, avec une tradition de l’ARM qui a organisé depuis sa création de nombreux colloques et journées d’études à confronter la pensée de René Girard (1923-2015) à celle de grands penseurs contemporains. Vous pouvez revoir ces colloques sur notre site dans l'onglet "Recherche".

 

Avec Tocqueville, fréquemment cité dans l'œuvre de René Girard, sera examinée la possibilité d’une anthropologie politique mimétique. Avec Michel Serres, il sera question de la fécondité d’une longue amitié, en particulier à propos de questions épistémologiques. Avec Pascal, scientifique et métaphysicien, il s’agira d’évaluer une relation moins évidente qu’il n’y paraît. Avec Hegel, précisément évoqué dans Mensonge romantique et vérité romanesque et Achever Clausewitz, on se demandera si le philosophe du désir de reconnaissance est un précurseur de la théorie mimétique, question qui se pose également avec Spinoza qui, parmi les premiers, a mis le désir au cœur des rapports humains dans son Éthique. En associant in fine le contemporain Derrida, ce parcours sera provisoirement conclu par une interrogation plus générale sur les affinités philosophiques, à l’origine de notre cycle.

 

 

Jeudi 17 mars 2022 : Jean-Marc Bourdin

“Tocqueville et Girard, les deux transatlantiques” 

 

Tocqueville est mentionné par Girard tout au long de son œuvre. Fait significatif, Tocqueville apparaît sur la scène girardienne en 1960 lors d’une conférence où il est étroitement associé à Stendhal : il est hissé à la hauteur de son contemporain, qualifié de romancier génial, en raison de son observation et de sa compréhension des mécanismes mimétiques du désir et de la vanité. Seul de son espèce ou presque parmi les essayistes, Tocqueville aurait ainsi partagé la lucidité de quelques romanciers et dramaturges sans recourir à la fiction. Girard va même lui concéder une forme de supériorité dans Mensonge romantique et vérité romanesque : immunisé contre les poisons partisans, il ne serait pas loin d’expliciter une vérité historique et politique qui reste implicite chez Flaubert et Stendhal. 

 

Tocqueville est donc un invité régulier dans les ouvrages de Girard : ce dernier voit dans la tendance millénaire à l’égalité des conditions, thèse majeure de Tocqueville, le pendant sociologique de sa psychologie interdividuelle fondée sur la mimésis d’appropriation : une communauté anthropologique est de fait envisageable entre les deux théories. 

 

Girard affirme par ailleurs dans un entretien que“s’il y a une science politique, c’est Tocqueville”. Il est alors tentant de se demander si Tocqueville n’aurait pas répondu par avance à l’objection souvent faite à la théorie mimétique qui aurait le politique comme angle mort.  

 

Jean-Marc Bourdin est docteur en philosophie, auteur de "René Girard, promoteur d’une science des rapports humains".  

 

 

Jeudi 28 avril 2022 : Olivier Joachim

 “René Girard/Michel Serres : concordances” 

L’extraordinaire proximité entre René Girard et Michel Serres rend la ‘confrontation’ de leur pensée particulièrement délicate. Le terme de ‘concorde’ serait sans doute plus approprié !

 

En effet, dès le début des années 70, leurs trajectoires intellectuelles convergent l’une vers l’autre, se touchent, s’entrelacent, résonnent et interfèrent. Au-delà d’une proximité physique, puisqu’ils enseignent dans les mêmes lieux, de profondes similitudes se révèlent dans leurs travaux respectifs. Méridionaux tous les deux, nés entre les deux guerres, sensibles aux mêmes influences, ils ont lu la philosophie de Simone Weil chacun avec beaucoup d’intérêt. Nul doute que sa quête de vérité les ait fortement inspirés l’un comme l’autre. De fait, soucieux de la noirceur de l’âme humaine, passionnés de connaissance et de culture, convaincus de la nécessité d’une forme de dévoilement par la voie (ou la voix) des sciences, coudre leurs pensées à la trame commune de nos savoirs est dès lors apparu comme une perspective évidente. 

 

Que ce soit sur des questions épistémologiques, tenant à la fusion des disciplines, ou sur le fondement des cultures et des sociétés, abreuvées de la violence qu’engendre la mimésis, nous pouvons à juste titre parler de philosophies de la concordance. A la confluence des mathématiques, de la physique, de la chimie, de la biologie, de l’histoire, des sciences humaines, de la mythologie et de l’herméneutique, ils vont féconder de leur génie le projet anthropologique d’une nouvelle alliance.    

 

De surcroît, la profonde estime qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre n’a pu qu’amplifier cette communion des esprits. Parce que c’était René Girard et parce que c’était Michel Serres, ainsi pourrait-on dire !

 

 

Olivier Joachim est professeur agrégé de physique en classes préparatoires au lycée Saint-Louis.     

 

 

Jeudi 12 mai 2022 : Christine Orsini

 “Pascal au risque de la théorie mimétique”

 

 

Trois siècles exactement séparent René Girard (Avignon, 1923) et Blaise Pascal (Clermont, 1623). Trois siècles au cours desquels la civilisation occidentale est devenue la première civilisation athée de l’histoire. Quand on lit les Pensées, aujourd’hui, on célèbre un immense écrivain qui a une vision « tragique » de la condition humaine.  

 

René Girard n’a recouru à Pascal que dans Achever Clausewitz co-écrit avec Benoît Chantre ; de plus, son anthropologie à vocation scientifique n’est pas dans le style de la « vraie philosophie » qui se dégage des Pensées ; alors pourquoi une lecture girardienne de Pascal ?

On verra, je l’espère, qu’il y a bien des raisons d’opérer un rapprochement entre les thèmes pascaliens et les thèses de la théorie mimétique. Mais notre première motivation a été de contrer les lectures anti-religieuses de Pascal par une lecture qui prend au sérieux la Révélation évangélique, centre de gravité aussi bien de l’entreprise girardienne que des « fragments » de l’ouvrage projeté par Pascal, une « Apologie de la religion chrétienne ». 

 

Agrégée de philosophie et secrétaire générale de l’Association Recherches mimétiques (ARM), Christine Orsini a contribué à "René Girard et le problème du mal "(Grasset, 1982) et au colloque de Cerisy « Autour de René Girard » en 1983. Elle est également l’auteur de "La Pensée de René Girard "(Retz, 1984) et récemment "René Girard" (Coll "Que sais-je" PUF, 2018).      

 

 

Mercredi 19 octobre 2022 :  Andreas Wilmes

“Maîtres, esclaves, et doubles monstrueux. Girard critique de Hegel” 

 

René Girard n’a jamais nié que l’écriture de son premier livre a été influencée par le « climat hégélien des années 1950 ». Dès Mensonge Romantique et vérité Romanesque, il s’est néanmoins efforcé de distinguer sa pensée de celle de Hegel. Ses critiques à l’endroit du philosophe allemand seront jugées fort peu convaincantes par ses contemporains. Pour Mikkel Borch-Jacobsen, la théorie du désir mimétique serait avant tout une relecture (certes brillante) des cours d’Alexandre Kojève sur la Phénoménologie de l’Esprit.D’après Philippe Lacoue-Labarthe, Girard, contrairement à Georges Bataille, aurait évité toute forme de confrontation sérieuse avec la philosophie hégélienne. L’anthropologue français n’a eu de cesse de vouloir couper court à ces divers malentendus. Son dernier ouvrage, Achever Clausewitz, où il revient de manière détaillée sur son opposition à Hegel, en constitue sans doute la preuve la plus éclatante. 

 

Dans cette conférence, nous nous demanderons en premier lieu d’où viennent ces divers malentendus autour de la prétendue dimension hégelienne de la théorie mimétique. A notre sens, c’est pour avoir critiqué Hegel en dehors des sentiers battus de l’anti-hégélianisme français que les idées de Girard sont longtemps restées incomprises…

 

Andreas Wilmes est docteur en philosophie, directeur de la revue Philosophical Journal of Conflict and Violence. 

 

 

Mercredi 16 novembre 2022 : Stéphane Vinolo

 “Spinoza et Girard : les mécaniciens du désir”

Spinoza ne fait pas partie des philosophes souvent cités par René Girard, comme peuvent l’être Platon, Hegel ou Sartre. Il y a là quelque chose de tout à fait surprenant puisque non seulement Spinoza est un penseur du désir, au point de faire de celui-ci l’essence même de l’homme (Ethique, III, Appendice), mais en plus parce que l’Ethique développe toute une théorie du mimétisme des affects. De plus, tout au long du Traité Théologico-Politique, Spinoza n’a eu de cesse de signaler l’importance du Christ, le plus grand des philosophes.

 

Certes, les conséquences que Spinoza tire du mimétisme sont radicalement différentes de celles que propose René Girard puisque ce dernier fait de la démocratie le régime le plus mimétique et donc le plus violent qui soit, là où Spinoza déclare le caractère absolu en tout du décompte des votes. Il y a donc, entre Spinoza et Girard, des liens complexes et pourtant constants. En confrontant les deux auteurs, nous pourrons donc non seulement préciser leurs conceptions du désir et du mimétisme mais peut-être aussi révéler une filiation souterraine de la pensée de Girard.

 

Stéphane Vinolo est docteur en philosophie de l’Université de Bordeaux, et docteur en théologie de l’Université de Strasbourg. Il enseigne à l’Université Catholique de Quito en Equateur. 

 

 

 

 

Champs mimétiques

"Comment la vision girardienne des relations humaines peut éclairer des pratiques professionnelles."

successivement par un manager, professeur de lycée, un magistrat, un médecin, un directeur d'association, un médiateur social...

 

 

Jeudi 11 février : Jean-Louis Salasc

"Ce que la théorie mimétique peut dire aux managers"

 

Jean-Louis Salasc propose ainsi à la fois une introduction à la pensée de René Girard, et une réflexion sur sa propre expérience de terrain en tant que dirigeant d'entreprise.

 

Sa conférence s'adresse donc tant aux connaisseurs de l'oeuvre de Girard qu'à ceux qui souhaitent la découvrir. N'hésitez donc pas à inviter d'autres personnes.

 

Ingénieur de formation, Jean-Louis Salasc a exercé des fonctions managériales (manager de terrain, directeur d'unités opérationnelles) et d'état-major (directeur de la veille stratégique) dans un grand groupe énergétique français. Il anime le "Blog émissaire" de l'ARM.

 

 

Jeudi 25 mars : Joël Hillion

"Mimétisme, empathie et éducation "

 

Apprendre, c’est imiter. Puisqu’imiter est « inné », comment se servir de cette capacité ? Peut-on la développer ? René Girard parle de mécanisme mimétique, « mécanisme » qui a été confirmé par la découverte des neurones miroirs. Pour parvenir à sa pleine humanité, le petit d’homme a besoin d’un environnement humain. On parle de « figure d’attachement ». D’où l’importance centrale du modèle.

Comment notre « cerveau empathique » fonctionne-t-il ? Peut-on faire face à la « mauvaise imitation », celle qui conduit à la rivalité entre pairs et à l’exclusion ? Comment plutôt valoriser l’imitation ? Quels sont les moyens de l’éducateur, professeur ou parent ? Le « choix du modèle » est déterminant. Peut-il être accompagné ? Comment éviter la fascination pour les « mauvais modèles » ? Le mot « pédagogue », au sens de « guide », prend dès lors tout son sens.

 

Joël Hillion, né en 1945, a enseigné en lycée et classes préparatoires.Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’éducation.http://joel-hillion.eklablog.com/

 

 

Jeudi 20 Septembre 2021 : Denis Salas

"Le droit de faire mourir au XXIè siècle"

Réflexions à l’occasion du 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort

 

 

Cette conférence voudrait renouveler l’approche traditionnelle de la peine de mort sous l’angle plus large du droit de faire mourir. À long terme, on observe un mouvement amorcé par Cesare Beccaria, fondateur du droit pénal moderne, à la fin du xviiie siècle, qui tend à l’abolition de cette peine au fur et à mesure que l’emprise de l’État monarchique s’affaiblit et que la société exige des peines plus utiles qu’effrayantes. À plus court terme cependant, la peine de mort subsiste et même se renforce dans les régimes à État fort alors que les djihadistes en ont fait une arme de propagande. Cette conjoncture incite les démocraties à radicaliser leurs réponses en usant du droit de faire mourir sous des formes nouvelles dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. La pensée de René Girard viendra à l’appui de notre réflexion au cours de laquelle nous croiserons aussi celles de Michel Foucault et de Jacques Derrida.

 

Denis Salas est magistrat et essayiste. Il dirige la revue Les Cahiers de la Justice et préside l’Association Française pour l’Histoire de la Justice. Il a notamment publié en 2018 "La Foule innocente" (DDB).

Denis Salas a dirigé avec Benoît Chantre le colloque "Justice et terrorisme - Entre mémoire victimaire et dépassement de la violence" , qui a eu lieu à la BnF le 19 décembre 2018.

 


Jeudi 18 novembre 2021 : Hervé van Baren

"La théorie mimétique et le milieu associatif" 

 

Le milieu associatif bénéficie d’une bonne image. D’abord parce qu’une association est par principe étrangère à l’appât du gain. Ensuite parce que l’ « objet social » d’une association porte bien son nom. Les associations ont en commun une fonction sociale positive, la volonté de « rendre le monde meilleur ». 

Pourtant les associations et les ONG sont composées d’hommes et de femmes, c’est-à-dire de personnes exposées aux effets pervers du mimétisme, l’envie, la rivalité, le ressentiment. Comme toutes les communautés humaines, les associations sont le théâtre de bien des conflits. Comment les détecter, les comprendre et, dans la mesure du possible, les résoudre et les prévenir ?

Quant aux acquis positifs du mimétisme, l’émulation, l’empathie, la médiation externe, peuvent-ils expliquer le don de soi, la générosité et l’engagement social des fondateurs, membres, employés et bénévoles du secteur associatif ? La générosité des donateurs ? (8,5 milliards d’euros en France en 2019)

 

A travers quelques exemples vécus et avec l’éclairage de la théorie mimétique, Hervé van Baren tentera d’apporter un début de réponse à ses questions. 

 

Hervé van Baren, 58 ans, vit en Belgique. Ingénieur, il a été cadre dans l’industrie pendant 15 ans. Aujourd’hui il est actif à différents niveaux dans deux fondations et trois associations. Il est contributeur du blog émissaire de l'ARM.

 

 

 

 

>>> ENREGISTREMENTS DES CONFERENCES

 

 


 

Violence et représentation


image Eventbrite cycle

dirigé par Jérôme Thélot et Jean Nayrolles

 


Vers de nouvelles voies d’interprétation des phénomènes artistiques à la lumière des analyses girardiennes de la violence et du sacré
 

 

> PRESENTATIONS ET ENREGISTREMENTS DES CONFERENCES (lien):

 

 

 

Samedi 20 février 2021 : Jean Nayrolles

"ART, VIOLENCE ET SACRE".

 

Samedi 20 février 2021 : Jean Nayrolles

"Portrait de l'artiste au centre du monde".

 

Samedi 13 mars 2021: Jérôme Thélot

" Géricault. Généalogie de la peinture "

Jérôme Thélot est essayiste et traducteur, et professeur de littérature française à l’Université de Lyon.

 

Samedi 10 avril 2021: Olivier Rey

" Ce que la Pietà d’Avignon donne à voir et à entendre "

Olivier Rey est mathématicien et philosophe, chercheur au CNRS, enseignant en philosophie à l’Université Paris 1

 

Samedi 8 mai 2021: Jeanne Dorn

"Bonnefoy et Poussin"

Jeanne Dorn est doctorante en histoire de l'art à l'université Paris X Nanterre, où elle prépare une thèse sur la pensée de l'art d'Yves Bonnefoy.

 

Samedi 12 juin 2021: Jean-Marc Bourdin

"Marcel Duchamp ou comment sacrifier (à) la mode du refus

Jean-Marc Bourdin a soutenu une thèse de doctorat en philosophie sur René Girard à l'Université Paris-VIII.

 

Samedi 11 septembre 2021 : Rémi Labrusse

« Violence et Néolithique : un mythe moderne ? »

Rémi Labrusse est professeur d’histoire de l’art contemporain (Paris Nanterre)

 

 

Samedi 9 octobre 2021 : Didier Laroque

« Le temple dorique et le sacrifice »

Didier Laroque est professeur d'esthétique à l'Ecole nationale supérieure d'architecture Paris-Val de Seine

 

Samedi 13 novembre 2021: Table ronde

Table ronde avec tous les intervenants du cycle et Lucien Scubla, enthropologue.

 

 

 


 

 

Le Blog émissaire

L'actualité éclairée par la pensée de René Girard.

(https://emissaire.blog/)

 

 

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Dernière modification : 03/10/2024