Histoire --

 

 

En 2007, René Girard ouvre une quatrième étape de son travail, avec "Achever Clausewitz", où il montre que la théorie mimétique peut devenir une clé décisive pour interpréter les phénomènes de la violence contemporaine.

 

René Girard aborde dans ces entretiens l'œuvre de Carl von Clausewitz (1780-1831), stratège prussien auteur du De la guerre. Ce traité inachevé a été étudié par de nombreux militaires, hommes poliiques ou philosophes. On en a retenu un axiome esseniel : « La guerre est la coninuaion de la poliique par d'autres moyens. » Clausewitz aurait pensé que les gouvernements pouvaient faire taire les armes. Mais le succès de cette formule témoigne d'un refus de voir la nouveauté du traité. Observateur des campagnes napoléoniennes, Clausewitz a compris la nature de la guerre moderne : les termes de « duel », d'« action réciproque » ou de « montée aux extrêmes » désignent un mécanisme implacable, qui s'est depuis imposé comme l'unique loi de l'histoire. Loin de contenir la violence, la politique court derrière la guerre : les moyens guerriers sont devenus des fins.

 

René Girard fait de Clausewitz le témoin fasciné d'une accélération de l'histoire. Hanté par le conflit franco-allemand, ce stratège éclaire mieux qu'aucun autre le mouvement qui va détruire l'Europe. « Achever Clausewitz », c'est lever un tabou : celui qui nous empêchait de voir que l'apocalypse a commencé. Car la violence des hommes, échappant à tout contrôle, menace aujourd'hui la planète entière.

 

 

CONFÉRENCES DE RENÉ GIRARD

 

 

           

 

Entretien avec Benoît Chantre, à l'occasion de l'exposition "Traces du sacré" au Centre Pompidou

 

 Le hasard ou la nécessité a voulu que le parcours adopté par les commissaires de l'exposition.recoupe les grands moments du livre d'entretiens que René Girard venait de réaliser avec Benoît Chantre. 

 

"Achever Clausewitz" permet à René Girard d'inscrire dans une perspective historique et non plus seulement anthropologique le rapport qu'il a établi entre la violence et le sacré.

 

Filmé le 7 décembre 2007, ce nouvel entretien prend donc naturellement comme point de départ l'année 10806 et la bataille de Iéna. La foudroyante défaite infligée par Napoléon à la Prusse marque en effet de façon décisive l'oeuvre et le destin de Carl Von Clausewitz; elle constitue aussi un de ces ébranlements majeurs qui modèlent le visage de la modernité.

 

1. Clausewitz et Napoléon (12')

 

2. Hegel et le christianisme (4')

 

3. Hölderlin, Dostoïevski et Nietzche (20')

 

4. Badelaire et Wagner (7')

 

5. Le Sacre du printemps (12')

 

6.Le Temps retrouvé (15')

 

 

Conférence de René Girard, à l'Espace Bernanos en 2007. ​

Une phrase d’abord, la dernière du livre, qui claque comme la devise, peut-être, de ​René Girard : "Il faut réveiller les consciences endormies. Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire."

 

L’Académicien a commencé par faire référence à l’ouvrage de Raymond Aron Penser la guerre, paru en 1976, qui lui aussi offrait une lecture de Clausewitz. Puis il a précisé que Clausewitz ( 1780-1831) ne fut pas seulement un stratège mais qu’il est d’abord un grand écrivain, qui a consacré sa vie à l’écriture solitaire. Loin d’être un philosophe abstrait, c’est un homme concret. Son livre inachevé, qui ressemble à un unique grand chapitre, définit les rapports des deux "partenaires" dans une guerre. Il introduit ainsi une rupture radicale dans la conception des rapports humains : la violence, dans ces rapports, n’appartient pas à tel ou tel individu mais elle se situe entre les individus. Lesquels individus passent leur vie à échanger, l’échange jouant un rôle essentiel dans les rapports humains. Mais cet échange ne se fait pas de manière mécanique, comme des boules de billard, il exige une interprétation de la part de l’un et de l’autre, et l’interprétation de chacun est différente. Et souvent, se glissent entre eux des malentendus. Il en va de même au niveau des états : l’échange exige toujours une diplomatie pour surmonter ces malentendus.

 

Peu à peu, se produit une montée aux extrêmes qui caractérise les échanges entre humains. Inconsciemment, chacun reproduit l’attitude de l’autre, c’est une réplique selon la manière dont autrui se comporte. L’échange est un processus en miroir.

 

Au départ de tout rapport humain, rappelle René Girard, il existe des possibilités de conflits. Tout est d’abord duel. Le duel structure tous les rapports sociaux. Les adversaires ont tout en commun, à commencer par la violence. Au point que l’on peut se demander : comment ont pu naître les sociétés humaines ? Le conflit mimétique dans la réciprocité violente génère la nécessité de trouver un exutoire, une victime sacrificielle (une notion sur laquelle il s’explique ici longuement).

René Girard évoquera ensuite dans cette conférence, tour à tour : 
[-]  Candide et les sergents recruteurs. 
[-]  Hegel et Napoléon (l’optimisme hégélien annonce que plus il y a de guerres plus il y aura de paix !) 
[-]  Hölderlin le maître qui doute de cette théorie et se refugie dans le silence. 
[-]  la haine et la fascination de Clausewitz pour Napoléon. 
[-]  le Serment de Strasbourg (par lequel Charles le Chauve et Louis le Germanique s’allient contre leur frère Clothaire le Lotharingien). René Girard n’oublie pas qu’il est aussi chartiste, grand connaisseur du Moyen-Age. 
[-]  Germaine de Staël que Napoléon consigna à 50 km de Paris tant sa supériorité en connaissances cosmopolites le gênait !

 

Puis il aborde le sujet central : aujourd’hui, une forme moderne de violence s’installe (le terrorisme). C’est une "montée aux extrêmes". On ne peut plus penser l’hostilité qui mène le monde depuis toujours dans les mêmes termes. Des rites comme les déclarations de guerre, les négociations, la protection des civils, n’ont plus court. L’interrogation devient urgente : cette hostilité va devenir maintenant destructrice de l’humanité.

 

 

COLLOQUES ET CONFERENCES

 

La relation franco allemande. 
Autour d'Achever Clausewitz 

COLLOQUE INTERNATIONAL

27 janvier 2012
Collège des Bernardins

Ecole des Chartes

Catlahoyuk

 
 

Vingt ans après la chute du mur de Berlin, le colloque prendra comme guide privilégié le livre de René Girard, Achever Clausewitz, paru en 2007. Cet ouvrage est une relecture du traité De la guerre du stratège prussien Karl von Clausewitz, en qui René Girard voit un observateur puissant des violences qui vont conduire l’Europe au bord de l’abîme.

 

  Il s’agira de faire le point sur la relation franco-allemande de 1945 à nos jours. Dans l’horizon du cinquantenaire de la rencontre Adenauer-De Gaulle à Reims en 1962, la parole sera donnée à des historiens, des philosophes, des économistes, des spécialistes de stratégie, des scientifiques, des artistes et des théologiens, qui tous aborderont la question de l’identité de l’Europe et de son avenir.

Ce colloque est organisé en partenariat avec l'association Confrontations Europe (www.confrontationseurope.org), la Fondation Adenauer, la Fondation Robert Schumann et le Crédit Mutuel.

 

Compte-rendus du colloque :

 

Philippe Herzog (Confrontations Europe)

 

Gérard Valin (Allemagne aujourd'hui)

 

Ecouter le colloque en ligne :

https://soundcloud.com/college-des-bernardins/franco-allemand-conclusion/sets

 

Actes du colloque (PDF à télécharger)

 

Programme:

 

Vendredi 30 octobre

 

Matin

8 h 30 - Présentation du colloque, par Benoît Chantre, Antoine Guggenheim, Philippe Herzog et Jean-Dominique Giuliani.

9 h 05 - Histoire : De la « montée aux extrêmes » à la réconciliation. [Conférences : Benoît Chantre, Edouard Husson.]

10h 30 - Stratégie : Vers une défense européenne ? [Table-ronde animée par Jean-Pierre Dupuy avec Yves Boyer, Jean-Dominique Giuliani, Beatrice Heuser et Josef Janning.]

 

Après-midi

14 h 30 - Economie : Compétition ou coopération ? [Table-ronde animée par Etienne Pflimlin avec Joachim Bitterlich, Joachim Fritz-Vannahme et Philippe Herzog .]

16 h 15- Ecologie : Robert Schumann, l’écologie, l’Europe. [Conférence : Jean-Marie Pelt.]

 

Soir

19 h 30 à 21 h 30 - Diplomatie : La relation franco-allemande aujourd’hui : la présidence française. [Conférence : Jean-Pierre Jouyet.]

 

Samedi 31 octobre

 

Matin

9 h - Théologie : Religions et cultures européennes. [Table-ronde animée par Antoine Guggenheim, avec Rémi Brague, Paul Thibaud et Wilhelm Guggenberger.]

11 h 15- Arts : Paris–Berlin ? [Table ronde animée par Catherine Grenier avec Christian Boltanski et Hans-Jörg Clement]

 

Après-midi

14 h 30 à 16 h- Philosophie : Guerre et politique. [Table-ronde animée par Benoît Chantre avec Jean-Vincent Holeindre, Pierre Manent, Wolfgang Palaver.]

16 h 30 - Dialogue avec René Girard.

18 h 00 - Clôture de l’année René Girard avec Mgr Jérôme Beau.

 

 

Avec la participation de :

 

 

Joachim Fritz-Vannahme


Historien, spécialiste de littérature et de sciences politiques, Joachim Fritz-Vannahme est directeur du département Sciences et Politique du magazine « Die Zeit » ; depuis 2007, il dirige le département « Projets Européens » de la Fondation Bertelsmann.

 

 

René Girard

René Girard est professeur émérite de littérature comparée à l'université Stanford, et membre de l'Académie française depuis 2005. Il est l’inventeur de la théorie mimétique qui, à partir de la découverte du caractère mimétique du désir, a jeté les bases d’une nouvelle anthropologie. Il se définit comme un anthropologue de la violence et du religieux.
Son premier livre, Mensonge romantique et vérité romanesque, publié en 1961, met au jour les ressorts du « désir triangulaire », à travers une approche de grandes œuvres romanesques (de Cervantès à Proust). Ses intuitions sur le « désir mimétique » lui permettent d’élaborer une anthropologie comparée des grandes formes du religieux archaïque : la question du mécanisme victimaire fait l'objet de son second livre, La Violence et le sacré, publié en 1972. Il entreprend ensuite de récapituler les grands acquis de sa recherche, dans Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978) où il évoque l’importance qu’il attache aux textes bibliques qui feront l’objet de plusieurs autres livres. En 2007, René Girard ouvre une quatrième étape de son travail, avec Achever Clausewitz, où il montre que la théorie mimétique peut devenir une clé décisive pour interpréter les phénomènes de la violence contemporaine.

 

 

Jean-Dominique Giuliani

Ancien Directeur de cabinet du Président du Sénat René Monory et Maître des Requêtes au Conseil d’État en 1995, Jean-Dominique Giuliani intègre la Direction générale du groupe Taylor Nelson Sofres (TNS Sofres). En 2001, il fonde une entreprise de consulting international, J-DG.COM International Consultants, qu’il préside. Depuis 2000, il préside la Fondation Robert Schuman. Il a publié de nombreux ouvrages dont : Marchands d'influence, les lobbies en France, (1991) ; Plaidoyer pour l'élargissement et Atlas des nouveaux membres, 2 tomes, (2002) ; Quinze + Dix, le grand élargissement(2003) ; L'élargissement de l'Europe, collection « Que sais-je » (2004) ; Un Européen très pressé, (2008).


Catherine Grenier

Catherine Grenier, conservatrice, directrice adjointe du Musée national d’art modern,e a conçu de nombreuses expositions et développé une activité régulière dans le champ de l’histoire de l’art et de l’esthétique, avec notamment la publication de plusieurs monographies (Annette Messager, Robert Morris) et de plusieurs essais récents : L’art contemporain est-il chrétien ? (2004) ; Dépression et subversion, les racines de l’avant-garde (2005) ; La revanche des émotions (2008)


Wilhelm Guggenberger

Marié et père de famille, Wilhelm Guggenberger est docteur habilité en théologie, spécialiste de l’éthique sociale. Sa thèse portait sur la doctrine sociale de l’Église :Niklas Luhmanns Systemtheorie. Eine Herausforderung der christlichen Gesellschaftslehre. Il a publié sur l’éthique économique : Die List der Dinge. Sackgassen der Wirtschaftsethik in einer funktional differenzierten Gesellschaft. Il est professeur-assistant à l’institut de théologie systématique de l’université d’Innsbrück.


Antoine Guggenheim

Prêtre et docteur en théologie, Antoine Guggenheim coordonne le pôle de recherche scientifique du Collège des Bernardins. Il a notamment publié : Liberté et vérité. Une lecture philosophique de « Personne et acte » de Karol Wojtyla (2000) ; Jésus-Christ, Grand Prêtre de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance (2007) et Les preuves de l’existence de Dieu (2008).


Philippe Herzog

Philippe Herzog est président honoraire de l’association Confrontations Europe et ancien professeur des universités. Député européen de 1989 à 1999, puis de 2000 à 2004 (groupe de la Gauche Unitaire Européenne), il a été président de la Commission des relations économiques extérieures, vice-président de la commission économique et monétaire, et vice-président de la Délégation Europe/États-Unis. Il est notamment l’auteur de L’Europe après l’Europe  (2002) et Le Bonheur du voyage - Ethique, action, projets pour relancer l’Europe (2006).


Béatrice Heuser

Diplômée de l'université d'Oxford, Béatrice Heuser est maître de conférences au Department of War Studies du King's College de Londres. Ses publications portent sur les relations internationales contemporaines et la stratégie européenne, notamment Western Containment Policies in the Cold War : the Yugoslav Case (1948-1953) ; Securing Peace in Europe (1945-62) ; Transatlantic Relations : sharing ideals and costs ; Strategies in Europe : towards a European nuclear force.


Jean-Vincent Holeindre

Jean-Vincent Holeindre achève sa thèse de doctorat en science politique à l’École des hautes études en sciences sociales, sous la direction de Pierre Manent, sur « La ruse et la force : recherches sur la dissimulation et la tromperie dans la guerre ». Ses recherches portent plus généralement sur la philosophie politique de la guerre. Il a  publié avec Pierre Manent : Enquête sur la démocratie : études de philosophie politique.


Édouard Husson

Professeur à l’Universit2 d’Amiens, Édouard Husson contribue à la Chaire des Bernardins (département : Société, liberté et paix). Il a publié des essais sur l’Allemagne et sur le nazisme, dont Une autre Allemagne (2005) et Nous pouvons vivre sans les Juifs : comment et quand ils décidèrent la solution finale (2005). Il a contribué à plusieurs ouvrages collectifs sur la Shoah.


Josef Janning

Josef Janning est Vice-président de la Bertelsmann Foundation et Directeur délégué du Center for Applied Policy Research à l’Université de Munich. Il est l’auteur de Deutschland in Europa: Eine Bilanz europaischer Einigungspolitik (Deutschland-Report)  Politikfeldanalyse ; Managing Security in Europe: the European Union & Challenges of Enlargement (Strategies for Europe).


Jean-Pierre Jouyet

Après avoir occupé diverses fonctions au sein du ministère des Finances, et pris la direction du cabinet de Roger Fauroux, ministre de l'Industrie et de l'Aménagement du territoire, Jean-Pierre Jouyet devient directeur-adjoint, puis directeur du cabinet de Jacques Delors, président de la Commission européenne de 1991 à 1995. De 1997 à 2000, il est directeur-adjoint du cabinet de Lionel Jospin, Premier ministre puis Directeur du Trésor. Depuis le 15 décembre 2008, il est président de l'Autorité des marchés financiers. Auparavant il était, en tant que ministre d'ouverture, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes.


Pierre Manent

Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Pierre Manent est l’auteur de plusieurs ouvrages importants de philosophie politique, parmi lesquels : Naissances de la politique moderne : Machiavel, Hobbes, Rousseau (1977) ; Tocqueville et la nature de la démocratie (1982) ; La Cité de l’homme (1994) ou La Raison des nations (2006), essai dans lequel il livre une réflexion stimulante sur l’avenir de l’Europe.


Jean-Marie Pelt

Président de l’Institut Européen d’Ecologie, Jean-Marie Pelt a enseigné la botanique et la physiologie végétale à la Faculté des Sciences de l’université de Metz. Il est l’auteur d’une quarantaine de livres portant sur la botanique, l’écologie, et la spiritualité, dont L’Homme re-naturé (1977) et La Vie sociale des plantes (1984). Parmi ses publications les plus récentes, on peut signaler : C’est vert et ça marche (2007) et La Raison du plus faible (2009).


Wolfgang Palaver

Wolfgang Palaver, théologien et philosophe politique, dirige l’Institut für Systematische Theologie et anime le département de recherche « Religion-Politique-Ordre mondial » à l’Université d’Innsbruck. Spécialiste de l’œuvre de Carl Schmitt, il a publié Die mythischen Quellen des Politischen. Carl Schmitts Freund-Feind-Theorie (1998). Il est l’auteur d’un livre sur la théorie mimétique de René Girard, René Girards mimetische Theorie (2003, 3e éd. 2009) et de nombreux autres ouvrages.


Etienne Pflimlin

Etienne Pflimlin, magistrat honoraire à la Cour des Comptes, a été conseiller dans différents cabinets ministériels (Intérieur, Finances, Commerce et Artisanat). Il a enseigné parallèlement à l'université Paris-Dauphine et à l’institut d’études politiques Paris. Il est actuellement président du Crédit mutuel. Il préside le groupe de presse L’Alsace.


Paul Thibaud

Paul Thibaud, philosophe français, essayiste, ancien président de l'Amitié Judéo-Chrétienne de France et ancien directeur de la revue Esprit, participe régulièrement, comme journaliste, à l'émission le rendez-vous des politiques sur France-Culture. Il a publié Et maintenant, contribution à l’après-Mitterrandisme (1995) et Judaïsme et christianisme (2000).


 


 

 

 

Le moment 1806 : 

Hegel, Clausewitz, Hölderlin

​CONFERENCE DE BENOIT CHANTRE

8 juin 2012

Collège de France

logo collège de France

clausewitz

 
Ce colloque se propose de mettre en lumière les racines intellectuelles et les convergences qui ont favorisé, de la Renaissance au XXe siècle, les échanges culturels et les dia-logues savants entre philosophes et lettrés, amateurs d’art, scientifiques, praticiens et théoriciens de la rhétorique. Historiquement, la République des Lettres a proposé une relecture approfondie de la tradition humaniste des arts de la paix et elle a mis l’accent sur l’ethos de l’ami-tié et de l’hospitalité, la conceptualisation du droit naturel et du droit des gens. La grande tradition humaniste, dont la cohérence transnationale a fait contrepoids, sous l’Ancien Régime, à la « cul-ture de guerre » de tradition épique et féodale, a résisté à la virulence des nationalismes concur-rents du XIXe siècle, jusqu’au moment où elle a dû s’avouer vaincue à la veille de la seconde guerre mondiale. Le XXIe siècle connaîtra-t-il sa renaissance ?

 

   

L’Europe entre Hitler et Staline

Conférence de TIMOTHY SNYDER

25 octobre2012
Sciences Po-Paris

Cette rencontre est  co-organisée par The Thiel Foundation, le Département d'Histoire de Sciences Po - Paris et le Mémorial de la Shoah.

sciences po

terre de sangVideo

Les « Conférences René Girard », qui se tiennent à Paris et à l’université Stanford, donnent la parole à de grands intellectuels d’Europe et d’ailleurs, dont l’œuvre entre en dialogue ou en écho avec celle de René Girard. Timothy Snyder, a inauguré ces conférences en 2012.


Né en 1969, Timothy Snyder est professeur d’histoire à l’université de Yale. Son livre, Terres de sang, a été très remarqué aux États-Unis à sa sortie en 2010. Il a été depuis traduit dans de nombreuses langues.

Son propos est en effet aussi ambitieux qu’innovant. Pour la première fois, un historien tente de mettre en parallèle les crimes de masse que les nazis et les Soviétiques perpétrèrent entre 1933 et 1945, causant lamort de 14 millions de personnes. Essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards. Un même espace aura été le théâtre de ces massacres, celui que l’historien appelle les « terres de sang », qui s’étendent de la Pologne à l’Ukraine et de la mer Baltique à la mer Noire. Au cœur de l’Europe, au contact des « plaques tectoniques » allemande et soviétique, des peuples voués à une haine ancestrale auront été les victimes de deux totalitarismes conjugués. Staline affama l’Ukraine. Puis vint la Grande Terreur. Sur ces mêmes « terres de sang », le nazisme causera la mort des deux tiers des 14 millions de victimes de la période, dont 5,4 millions de Juifs.

Au-delà des calculs morbides, Timothy Snyder raconte des vies brisées et rapporte de poignants témoignages. Ce faisant, il s’interdit de rendre un totalitarisme plus responsable qu’un autre. C’est dans cette perspective que ses recherches semblent dialoguer souterrainement avec la pensée de René Girard, et singulièrement avec Achever Clausewitz (Flammarion, « Champs », 2011). Car, montrant deux totalitarismes en guerre sur un même territoire, Snyder décrit ce qui eut lieu comme une « escalade de la violence », menant à la barbarie la plus brutale. L’auteur ne cite pas cependant René Girard, mais le concept de « complicité belligérante », qu’il reprend à François Furet, n’est pas sans évoquer l’hypothèse mimétique.

De fait, il semble possible d’aborder aujourd’hui ces deux totalitarismes, frères ennemis qui se sont encouragés dans leur logique meurtrière, aspirant tous deux à la destruction totale de leurs ennemis. Ces modèles politiques se sont ainsi concurrencés, s’imitant dans l’horreur. Ils s’affrontèrent ainsi, non parce qu’ils étaient différents, mais au contraireparce qu’ils se ressemblaient. Dans un tel contexte, leur guerre aura bel et bien été clausewitzienne – « la continuité de la politique par d’autres moyens » –, à cette différence près qu’il n’y eut là nulle politique pour stopper les effets de ce mimétisme apocalyptique. 

 

TIMOTHY SNYDER

 

Timothy Snyder, professeur de l’histoire de l’Europe centrale et orientale à l’université Yale, auteur du livre Terres de sang (traduction parue aux Editions Gallimard, 2012).

 

 
 

T. SNYDER 251012 from Pôle Audiovisuel Sciences Po on Vimeo.

 

Conférence à Stanford , le 13 mars 2013 dans le cadre des "Girard Lectures"

  

   

Achever Clausewitz, dix ans après

27 MARS 2018

ARM/ IRSEM
Université Paris II Panthéon-Assas 

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ARTICLES

Actes du colloque"La relation franco-allemande"

 

"Achever Clausewitz", Entretiens avec Benoît Chantre" (PDF)

 

"Avec René Girard penser l'Apocalypse"  article de Philippe Herzog, Confrontations Europe , juin 2008.

 

"La réciprocité du duel.Apport de René Girard à la lecture de Clausewitz.", mémoire de master 2 Relations internationales, de Grégoire Launay 

 

 

 

 
Dernière modification : 25/08/2024