La mondialisation est une mutation qui transforme radicalement les rapports de solidarités et de conflits en minant l’assise territoriale qui est consubstantielle aux Etats nations européens. Car la solidarité et l’inimitié sont en vérité les deux faces d’une même réalité et la mondialisation (interdépendances et interrelations généralisées) annule l’éloignement spatial qui nous séparait des "Autres", lesquels sont toujours potentiellement nos ennemis. Cette nouvelle donne nous oblige à relever le défi d’une forme de solidarité qui soit susceptible de freiner la montée de la violence aux extrêmes. Mais cette nouvelle solidarité ne devra pas aller de pair avec la découverte de nouveaux ennemis, internes ou externes. Elle devra cesser d'être l’autre face d’une relation d’hostilité. Le croisement des livres de Paul Dumouchel et de Philippe Herzog peut à cet égard donner lieu à une discussion particulièrement fructueuse. Le premier vise à comprendre ce problème et à en révéler les fondements anthropologiques profonds. Le second explore les voies par lesquelles les Européens tentent de le résoudre. Une renaissance de l’Europe et la quête d’une nouvelle unité culturelle et politique sont-elles souhaitées et possibles ? Comment inventer des biens communs et des modes de démocratie à l’échelle plurinationale et mondiale ? Paul Dumouchel enseigne la philosophie à l'université Ritsumeikan de Kyoto. Auteur de nombreux articles, il a également publié L'Enfer des choses (avec Jean-PierreDupuy, Seuil, 1979) et Emotions. Essaisur le corps et le social (Synthélabo, 1995).
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